A force de juger nos gueules les gens le savent
Qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards
Chaque fois que ça pète on dit qu’c’est nous
J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Eric Zemmour
On me reproche les mêmes colères
31 MaiLa guerre multiculturelle est déjà là?
31 MaiIl y a une semaine, Eric Zemmour a poussé une fois encore le bouchon un peu plus loin en expliquant que le « multiculturalisme » c’est la guerre.
Le multiculturalisme en question, c’est nous. Nous sommes en guerre. Les quartiers déshérités de Suède, les soldats anglais attaqués et la fête du PSG qui part en vrilles : c’est nous. On note au passage l’amalgame puant entre tous ces évènements, ce qui s’est passé en Angleterre n’a rien d’une émeute urbaine et n’est en rien comparable aux deux autres. On pourrait également assez légitimement s’interroger sur l’opportunité et la pertinence du rapprochement de qui se passe en Suède et de ce qui est survenu sur les Champs Élysées. Mais passons, Éric Zemmour ne fait visiblement pas dans la subtilité.
Sommes nous en guerre ? Pas vraiment. Étant donné le découpage du territoire, si la violence telle que Zemmour se complait à la décrire régnait réellement : ce serait à feu et à sang chez nous.
Parce que chez nous, dans les quartiers, c’est multiculturel. Dans un même appartement on peut trouver trois générations et faire le tour du monde sur un seul palier de l’immeuble. Dans les familles, on fête Noël et l’Aïd et ça regarde les chaines de téloche d’ici et du bled.
Les faits sont là et ils sont têtus : on ne s’égorge pas entre familles, voisins et amis. On partage les bons et les mauvais moments. Quand le multiculturalisme reste cantonné dans la surface de terrain qui lui est attribuée et qu’il ne fait pas la une du journal : il n’est pas en guerre.
En revanche, le multiculturalisme devient une source de tension lorsqu’il exprime sa colère ou qu’il demande des comptes. Sa simple présence est menaçante lorsqu’il se promène seul ou en groupe dans les transports ou en centre-ville.
Quelle que soit la gestion des quartiers pauvres, à l’anglo-saxonne ou assimilationniste à la française ou encore qu’il s’agisse du Brésil dans lequel il n’y a ni Islam ni immigration à blâmer, la réaction face à la haine et au mépris des dominants est la même.
On l’a déjà dit : les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Il y a une guerre, c’est contre nous qu’elle est menée. Nous n’avons répliqué que sporadiquement pour l’instant.
Les guerres entre nations n’ont jamais été que des guerres pour faire fonctionner le capitalisme. Le dicton français « acheter au son du canon et vendre au son du clairon » résume bien la clé de voûte des conflits.
Aujourd’hui encore, la guerre est d’ordre économique. Elle ruine les pays, les continents d’une partie de nos parents. Le Kivu, dont personne ne parle par exemple, ou plus récemment le Mali.
Ici, en Occident « zone pacifiée », elle s’incarne sous forme de rapports de force politiques entre dominants et dominés. La fonction de Zemmour est de générer un contre feu idéologique, dont l’enjeu consiste à relire les crises et conflits entre riches et pauvres en divisions ethniques ou culturelles, autrement dit en chocs de « civilisation ».
Les explosions de violence qui éclatent ici et là bien sont la conséquence de l’effet cumulé de l’exploitation économique, d’un racisme institutionnel et de discriminations et non pas le résultat du mélange de cultures censément incompatibles.
Le multiculturalisme, s’il existe, n’est pas la guerre.
Pour nous, c’est la vie quotidienne.
Pour eux, il est le prétexte pour nous punir toujours plus, diviser nos rangs en réduisant la misère à la couleur de peau, à la religion.
Si on vous parle de guerre multiculturelle, regardez comment ça se passe chez vous dans votre quartier. L’apartheid urbain entre secteurs riches et pauvres fait apparaitre la ligne de front des conflits sociaux.
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