POUR UNE HISTOIRE POLITIQUE DE L’IMMIGRATION POSTCOLONIALE
La mission est clairement énoncée : contribuer à la reconnaissance des parcours d’intégration pour servir la cohésion sociale et républicaine de la France. Le projet apparaît tout aussi transparent : faire de l’histoire des populations immigrées une partie intégrante de l’histoire de France. Et par la grâce d’une seule formule enfin – « leur histoire est notre histoire » – la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration semble rendre justice aux cohortes de bras ramasseurs de poubelles, chair à canon, damnés de la terre ou de l’usine et autres métèques oubliés du grand roman national. Qui viendrait s’en plaindre sans encourir le soupçon de cultiver la nostalgie de quelque généalogie blanche aux relents xénophobes ? Et pourtant, malgré des ambitions louables, une pierre d’achoppement guette la muséification de l’histoire de l’immigration :le patrimoine de luttes sociales et politiques qui fait l’objet de cet ouvrage. Cet héritage des oubliés de l’histoire, au cœur même des contradictions de notre sacro-saint modèle d’intégration, comment lui accorder place sans remettre en cause la gloire sans éclipse du creuset républicain, l’universalité d’un paradigme de la citoyenneté fondée sur la seule nationalité ? Lire la suite