Il y a quarante ans jour pour jour, l’armée chilienne, appuyée par la CIA, renversait le président Salvador Allende, mort dans l’assaut du palais présidentiel. Ce putsch, un des plus sanglants et violents de l’histoire de l’Amérique Latine, était le premier pas d’une dictature féroce qui devait durer vingt-six ans.
Les raisons en sont connues : le gouvernement d’Unité Populaire de Salvador Allende avait pris depuis son arrivée au pouvoir des mesures économiques défavorables aux intérêts de l’oligarchie chilienne et des grands groupes capitalistes nord-américains. La réforme agraire, la nationalisation du cuivre et de secteurs importants tels que les télécommunications poussèrent presque naturellement l’administration de Richard Nixon, via le futur prix Nobel de la paix Henry Kissinger, à comploter avec les plus hauts gradés de l’armée chilienne pour renverser Salvador Allende, en paralysant l’économie puis en mettant les soldats dans la rue. Derrière ce premier 11 septembre, pas besoin d’aller chercher des forces occultes et malfaisantes :
on les connaît d’autant mieux qu’elles ne se sont jamais cachées. Au contraire, ce 11 septembre 1973 a toujours été revendiqué jusque sur les pièces de monnaie chiliennes comme « le jour de la liberté » par la dictature, comme le moment où la progression subversive marxiste en Amérique Latine avait été stoppée nette par les hérauts de l’Occident chrétien.
Au-delà des méthodes employées pour réaliser ce coup d’État – l’armée alla jusqu’à bombarder le palais présidentiel – Pinochet et ses donneurs d’ordres de Washington mirent en place deux lignes d’action conjointes : une politique d’élimination systématique de toute forme d’opposition, dans le cadre du Plan Condor, et la transformation du Chili en laboratoire du néolibéralisme alors en plein essor. Les principaux idéologues de cette doctrine, tels que Milton Friedman ou Friedrich Hayek, conseillèrent directement le régime de Pinochet et transformèrent le Chili en terrain d’expérimentation d’un système dont nous subissons tous les conséquences aujourd’hui.
À ceux qui continuent à penser que la démocratie est indissociable de l’économie libérale, on rappellera justement ce mot de Hayek, lors d’un entretien accordé au grand journal de l’oligarchie chilienne El Mercurio, en pleine dictature : Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme.
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