On m’a demandé d’oublier les noyades occultées d’une dignité et sa mémoire: se souvenir du 17 octobre 1961

17 Oct

17_octobre_1961

Comme chaque année, les libéraux, les conservateurs et les droitards en tous genres vont reprendre la litanie dont Marine Le Pen ou l’historien Bernard Lugan donnent le La. Il vont marteler le refus de ce qu’ils appellent « la repentance ».

Cela se manifeste par un soutien inconditionnel sur le fond et parfois la forme des actions de répression mises en place par l’État lors de la Guerre d’Algérie. Cela marque d’une part le refus d’assumer des responsabilités historiques et de l’autre la volonté d’occulter l’histoire des luttes contre l’oppression générée pour la défense des intérêts économiques français.

Cette vision, selon laquelle la colonisation et  l’oppression n’étaient pas si terribles que ça et qu’elles avaient même quelques bienfaits, est partagée et propagée par la quasi totalité de la classe dominante, du PS à au-delà du FN. Il y a des nuances dans le ton, mais globalement on tente de nous faire avaler qu’il faut mettre de côté les rancœurs d’un autre âge.

S’ils appellent à l’apaisement, c’est parce qu’une d’une manière ou d’une autre ils appartiennent tous à une catégorie de bénéficiaires de l’oppression. Ils se partagent les bénéfices de l’exploitation à parts inégales, et se rejettent la culpabilité lorsque l’Histoire leur demande des comptes. François Mitterrand, opposé à l’indépendance de l’Algérie alors qu’il était Ministre de l’Intérieur, a protégé Maurice Papon quand il a été au pouvoir. L’extrême droite impliquée dans l’OAS trouvait les méthodes et la ligne politique de l’État trop modérées. Tout ce beau monde œuvrait pour la grandeur et le génie français.

Frantz Fanon a expliqué que le nazisme avait appliqué la logique coloniale au sein même de l’Europe.  Les Européens ont découvert sur leur propre sol et dans leurs propres chairs ce qu’ils ont fait subir aux autres. Cela a marqué un tournant dans l’histoire des luttes, il a été possible de faire comprendre le besoin de convergences des luttes. C’est ce passage historique que l’on tente de nous faire oublier. Il ne s’est rien passé, rentrez chez vous. Pas de génocides, pas de déportations. Il n’y a pas eu de luttes non plus, on nous prie d’oublier pourquoi et comment les dominé.e.s se sont battu.e.s.

C’est pour cela qu’il y a un réel enjeu à transmettre la mémoire des luttes émancipatrices qu’ont menées celles et ceux qui nous ont précédés.

Le PS tente de récupérer et détourner nos luttes à travers des célébrations commémoratives vides de sens dans le but de cacher le fait qu’ils ne veulent pas remettre en cause  et réparer les injustices.  La droite tente de corrompre certains des nôtres en offrant des postes et de l’argent destinés à faire croire qu’il est possible de « s’intégrer » et à démontrer que ceux qui restent sur la touche le font volontairement. L’extrême droite tente d’occulter nos mémoires et voudrait nous faire croire que le SS est plus fréquentable que le colon en offrant une posture faussement rebelle et agressive.

Il ne peut y avoir de réconciliation avec les oppresseurs sans qu’on les ait affrontés et battus. On ne traite pas d’égal à égal avec quelqu’un qui vous a exploité et contribue encore à l’exploitation.

Pour nous : ni oubli ni pardon. Chacun  doit assumer ses responsabilités.

6 Réponses vers “On m’a demandé d’oublier les noyades occultées d’une dignité et sa mémoire: se souvenir du 17 octobre 1961”

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    […] dans la mise en place de la répression contre les militants, ce qui permet au passage de rappeler l’aspect colonial de la répression. Comme pour tous les crimes policiers ou d’État, aucune enquête n’a été ouverte, aucun […]

  2. Statu Quo | quartierslibres - 2 juin 2014

    […] interpellations de militant.e.s de droite sont nettement plus calmes. La police penche à droite, rien de neuf. Cette trahison des classes populaires par la gauche laisse un vide politique, dont la nature a […]

  3. Ma dette algérienne | quartierslibres - 2 juillet 2014

    […] fierté pour moi, qui ai vécu le 17 octobre 1961, de voir les enfants de mes anciens camarades occuper à nouveau le pavé parisien mais, cette […]

  4. Posture de rebelle et contorsions intellectuelles | quartierslibres - 26 décembre 2014

    […] par ceux qu’ils dénigrent. Le pompon c’est quand ils mettent des visuels rappelant le 17 octobre 1961 alors que Soral et la mouvance nationaliste sont clairement les héritiers de l’OAS […]

  5. Brahim Bouarram | quartierslibres - 1 mai 2015

    […] Il y a 20 ans Brahim Bouarram était assassiné par un groupe de militants nationalistes membres du FN qui venaient assister au rassemblement organisé par leur parti politique. Ils l’ont jeté à la Seine, un 1er mai triste comme un 17 octobre. […]

  6. 1er mai : ni oubli, ni pardon ! | Union Antifasciste Toulousaine - 1 mai 2016

    […] Il y a 20 ans Brahim Bouarram était assassiné par un groupe de militants nationalistes membres du FN qui venaient assister au rassemblement organisé par leur parti politique. Ils l’ont jeté à la Seine, un 1er mai triste comme un 17 octobre. […]

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