Le 10 janvier dernier, Mathias Cardet tournait une vidéo de promotion pour ses nouvelles activités commerciales, une heure d’anecdotes et de projets.
La production est soignée, canapés en cuir, cheminée… C’est cossu chez Cardet.
Le visage masqué, celui qui se fait passer pour un expert du hip hop et des tribunes de foot annonce la création d’un label de rap : « bras d’honneur » (quenelle étant une marque déposée). Alors qu’il y a un an Mathias Cardet déblatérait tout ce qu’il pouvait contre une musique inventée par une élite cosmopolite pour pervertir la jeunesse du monde entier, il décide aujourd’hui de se lancer dans le « Rap Game » en montant sa boite de productions. Entre temps, son mentor Soral a compris la possibilité de faire de l’oseille en vendant de la musique « dissidente ».
Le rap anti franc-maçons qui mangent des enfants a sans doute de beaux jours devant lui, clips provocateurs et produits dérivés comme propagande soralienne. Il y a de l’argent et une « street credibilty » à gagner pour l’underground du FN.
Après avoir expliqué que tout était pourri, changement de cap. Nous accusons réception.
Au-delà du message promotionnel qui détaille les prochaines sorties du label, (parce que cette vidéo est présentée comme telle) on apprend que le monde du rap est tenu par Cardet et ses invités. Il n’y a pas un rappeur connu qui ne doivent un service à Cardet et ses amis, pas un seul qui ne payent pas son tribut à Cardet et ses amis pour être en sécurité.
C’est rabâché tout le long de la vidéo : tous les rappeurs ont leurs arrières sécurisés par des sbires de Cardet. Autour de la table, on a les affranchis et les parrains de l’ombre du rap français. Nous accusons réception.
Si on les écoute, Cardet et ses amis contrôlent, depuis toujours, les coulisses du milieu du Rap, milieu qu’ils dénoncent : sacrée contradiction en soi.
Cela paraît incroyable, mais c’est ce qui est dit à maintes reprises avec plein de détails sur l’envers du décor. Cardet et ses invités balancent des dossiers (soit des anecdotes invérifiables) sur la quasi-totalité des artistes d’un milieu qu’ils affirment tenir dans le creux de leurs mains sans pour autant en récolter les bénéfices. Pour eux, c’est là la vraie injustice.
On peut douter de la véritable justesse de jugement de Cardet & Cie lorsqu’ils dénoncent le fait que les rappeurs ne racontent pas d’expériences personnelles dans leurs textes mais des inventions ou des fictions : en 2014 Cardet fait une vidéo pour expliquer ce que bon nombres d’artistes indépendants ou lucides racontaient en 1997. A cette époque, l’industrie du disque n’était pas satanique mais une opportunité de carrière pour certains des accusateurs présents chez Cardet . Nous accusons réception.
Il faut regarder les choses telles qu’elles sont. Cette vidéo est un clash. La forme est courtoise comme peut l’être un habitué de Radio Courtoisie, les invités sont des pères de famille aux alentours de la quarantaine pour les plus bavards, une garçonnière de bobo sert de décor, mais c’est un clash, destiné à faire la promotion de leur activités commerciales.
On provoque en restant poli, on parle de rap et on revendique une maitrise militaire ou territoriale dans les quartiers assis sur un canapé en cuir et pas dans un hall d’immeuble.
Il est fort probable que les artistes, les personnes qui travaillent dans le milieu du rap français et attaqués, dépréciés ou critiqués dans cette vidéo ont déjà accusé réception des provocations de Cardet et de ses invités.
Mais ce n’est pas tout. Le label que monte Cardet n’est pas juste destiné à faire de la musique. C’est un outil de propagande financé par Alain Soral.
En dehors des menaces faites aux acteurs du rap game si jamais ils avaient l’audace de vouloir répondre à Cardet, il y a d’autres cibles en ligne de mire : les dix dernières minutes ne sont pas destinées à la scène musicale ni à l’industrie du disque mais aux militants « d’en face », soit tous les opposants à Alain Soral. Sur le plateau tous les invités soutiennent, et pour certains « jusqu’à la mort » (sic). Nous accusons réception.
Pour les personnes qui luttent sur le terrain contre l’islamophobie, les attaques contre les Rroms, les violences policières, toutes celles et ceux qui sont « à gauche », les syndicalistes (voir la page 67 du programme du FN), les anticolonialistes, les gens qui ne font pas de dédicaces à Roger Holleindre, Cardet utilise la menace : quiconque tente d’agir ou de militer à l’encontre de ce que veut Soral aura à faire à Cardet et ses amis. La menace n’est pas « idéologique », elle est physique : Cardet & Cie revendique posséder des armes et être disposé à s’en servir.
Ces menaces claires et précises, nous en accusons réception, tout comme l’ensemble des militants de quartiers, syndicaux et politiques qui luttent contre Soral et le Front National.
Lorsque Cardet affirme qu’il n’est pas un « nègre bête » (c’est pas de la rhétorique de l’esclave ça ?) et qu’il soutient Soral mais pas le Front National il prend clairement les classes populaires pour des masses abruties.
Pour nous, comme pour l’ensemble des militants à qui la mort est promise, peu importe la couleur de Cardet : c’est juste un homme malhonnête, un supplétif de l’extrême-droite française :
D’une : l’association de Soral et son action politique sont mises en place et guidées par Frédéric Chatillon et Philippe Péninque, des proches de Marine Le Pen.
De deux : Alain Soral appelle à voter et soutenir Marine Le Pen.
De trois : dans la mouvance de Soral gravitent des skinheads, des terroristes comme Michel Lajoye, des mercenaires de la Françafrique…
Nous accusons réception, comme l’ensemble des militant.e.s de quartier, syndicalistes, politiques, des menaces de Mathias Cardet, du fait qu’il est déterminé, armé, et prêt à soutenir ses maîtres jusqu’au bout.
Ancien hooligan, figure des stades et membre de gang, il sait que militer c’est aussi assumer ses actes à visage découvert.
Nous voulons juste lui signifier que son soutien à Alain Soral et son allégeance au Front National le met, lui et ses camarades dans une position délicate. Ils devront rendre des comptes auprès des populations des quartiers populaires, principales cibles des gens pour lesquels ils travaillent.
Militer pour Soral, c’est militer pour le Front National.
Jurer fidélité à Soral, c’est se soumettre et se vendre au Front National.
Comme le rappellent les militants grecs qui affrontent par tous les moyens nécessaires « Aube Dorée » :
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