Samedi dernier, entre 3000 et 5000 personnes se sont rassemblées en soutien au peuple palestinien à Paris, sur la place de la République. Ce rassemblement, une nouvelle fois interdit par la Préfecture, a donné lieu au meilleur et au pire, certains nous confirmant à cette occasion que c’est dans le pire qu’ils sont les meilleurs.
Le contexte de ce rassemblement était connu de tous : l’Etat et les médias aux ordres attendaient le moindre débordement pour qualifier d’émeute ce rassemblement de soutien à la résistance du peuple palestinien.
En effet, le Gouvernement cherche à diviser et criminaliser le soutien à la Palestine pour museler et décrédibiliser toute critique de la politique coloniale de l’état hébreu. Ainsi, il entend chasser de l’espace démocratique la critique politique du sionisme. Pour cela, il instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme en associant tout critique de l’état d’Israël et du sionisme à de l’antisémitisme. Et il utilise les débordements lors des rassemblements pour que, dans la rétine du grand public, l’image du soutien à la résistance du peuple palestinien soit synonyme de chaos.
La grande majorité des manifestants présents ce samedi avait conscience de cela et s’est donc attachée à faire de ce rassemblement un moment combatif mais paisible. De nombreux « frangins », habillés d’une chasuble jaune, participaient directement à un service d’ordre chargé de veiller à la sécurité de la manifestation. Le groupe en question ne s’est pas soudainement autoproclamé : il tient sa légitimité de son histoire et de sa filiation avec le mouvement de soutien à la Palestine, qui depuis plus de 30 ans en France cherche à s’émanciper des structures institutionnelles de soutien à la cause palestinienne. Des premières marches pour le droit au retour en 1998 jusqu’à la manif d’aujourd’hui, de nombreux frères et sœurs se sont mis au service de la cause palestinienne, pour assurer des apparitions en dehors des structures plus traditionnelles et institutionnelles. Pour le mouvement de soutien à la Palestine, le service d’ordre chargé d’assurer la sécurité des manifestations, c’est eux. Tout autre groupe expliquant venir protéger la manifestation sans avoir participé aux réunions de préparation et à l’animation du mouvement met l’organisation en porte-à-faux.
On notera que, pendant que d’un côté, des acteurs historiques de la lutte pour l’émancipation des quartiers populaires et de l’immigration (réseau MIB, ATMF, FTCR, etc.), les associations de palestiniens vivant en France (GUPS,PYM…) et les groupes de soutien à la cause palestinienne (Génération Palestine…), aux côtés de forces politiques impliquées depuis plusieurs décennies (du PIR au NPA) se démènent pour monter, malgré l’interdiction de l’Etat, un rassemblement de soutien contre les crimes de l’état hébreu ; de l’autre côté de l’échiquier politique, E&R et Dieudonné organisent le même jour une conférence payante à la main d’or pour nous expliquer le conflit palestinien.
Le samedi matin, des militant.e.s des organisations qui appellent au rassemblement interdit par l’Etat sont contrôlé.e.s en amont de la manif et placé.e.s en garde-à-vue pour avoir distribué des tracts et appelé à participer au rassemblement de l’après-midi. Ces militant.e.s passent en jugement le 29 octobre prochain.
Quelques heures plus tard, place de la République, à 100 mètres du rassemblement interdit, Mathias Cardet une figure de la galaxie soralienne, est contrôlé par les forces de l’ordre avec plusieurs autres personnes. Dans le sac de l’un d’entre eux, les représentants de l’Etat trouvent des gazeuses et du matériel « d’expression démocratique ». Contrairement aux militant.e.s embarqué.e.s le matin même, Cardet et ses acolytes sont relâchés après discussion avec les forces de l’ordre.
Privilège de la dissidence ? Ou est-ce la démonstration du fameux soutien des corps constitués, théorisé par Alain Soral ?
De nombreux manifestants n’ont pas eu cette fortune et sont restés bloqués en amont de la manifestation. Les nombreux barrages filtrants installés depuis Bastille, par exemple, ont empêché des personnes de manifester et ont compliqué la tâche du service d’ordre officiel et des militant.e.s. Mathias Cardet, lui, a été laissé libre de participer à un rassemblement interdit alors qu’il était venu les poches pleines…
Si la Police estime que Mathias Cardet et ses comparses, équipés pour le combat de rue (soit un groupe armé qui ne fait pas partie des organisateurs), peut se rendre à un rassemblement interdit, c’est que l’État y a un intérêt.
Le tarif minimum pour s’être rendu à un rassemblement interdit avec les poches pleines, c’est 4 heures de contrôle d’identité.
Peut-être que si les militant.e.s arrêté.e.s le matin avaient eu la bonne idée de venir avec Mathias Cardet, ils auraient pu franchir sans encombre le cordon de policiers ? Parce que, pour des raisons mystérieuses, ce dernier semble apprécié des forces de l’ordre.
Un « deux poids, deux mesures » qui ne sera pas dénoncé par la mouvance soralienne, parce qu’il prouve clairement que cette mouvance n’est pas anti-système et qu’elle rend service à l’Etat et à Manuel Valls.
Mathias Cardet est un militant politique lié à Alain Soral. En janvier dernier, avec certains de ses comparses (Stéphane de la BS, Ousman), il jurait fidélité et se déclarait même « prêt à mourir » pour la cause incarnée par Alain Soral et Dieudonné. Mathias Cardet a été édité par Alain Soral et c’est grâce à ce dernier qu’il a pu donner des conférences promotionnelles pour ses ouvrages. Cela lui a ensuite permis de monter une entreprise de divertissement avec son ami Stéphane de la BS. Le premier artiste produit par cette entreprise est évidemment Ousman dont le titre (apolitique?) « suceur de sioniste » s’est vite transformé en produit dérivé :
Dire que ces personnes sont, tant par leur discours que leurs actes, des businessmen liés à l’extrême droite n’est pas une accusation mais un constat.
Or l’extrême droite n’a jamais été et n’est pas impliquée dans le mouvement de soutien au peuple palestinien pour des raisons idéologiques d’une part (dur de délégitimer leurs fondamentaux que sont l’inégalité, l’apartheid et la colonisation) et sociales d’autre part (les quartiers populaires ne sont pas le reflet de la France qu’ils idéalisent).
L’objectif de Mathias Cardet est de faire croire qu’il est possible d’être apolitique et de faire de la politique.
Son investissement actuel vise à semer la confusion, en faisant passer les organisateurs des manifestations et les animateurs du mouvement de soutien à la Palestine (pour certains depuis plusieurs décennies) pour des « récupérateurs ». Dans les faits, c’est bien Mathias Cardet qui utilise l’image d’un groupe présenté comme une ligue de défense goy pour faire la promotion d’Alain Soral. Et faire la promotion d’Alain Soral qui soutient Marine Le Pen, c’est faire du militantisme politique.
Il demeure malgré tout difficile de débarquer dans une manifestation de soutien à la Palestine quand on défend la France des colonies. C’est pour cette raison que Mathias Cardet se sert du football comme porte d’entrée et s’empresse de dire qu’il n’a aucun lien avec Alain Soral et Dieudonné.
En janvier, il jure fidélité éternelle à Alain Soral (parce que ce dernier serait le combattant ultime de la lutte contre le sionisme) ; en juillet, il nie catégoriquement tout lien avec lui. Deux possibilités : soit Alain Soral a tort et Mathias Cardet s’en est rendu compte ; soit Mathias Cardet fait preuve de duplicité et d’opportunisme. La seconde hypothèse est la plus probable car Mathias Cardet (Thomas Nlend, de son vrai nom) fait des affaires avec Alain Soral. Il trempe aussi dans des histoires de chantage dans la trouble affaire Tron.
Aux yeux du commun des mortels, Mathias Cardet est aussi « hooliblack », affilié à un groupe de supporters. Malgré ses dénégations sur l’instrumentalisation du groupe en question, on peut constater que c’est lui qui en a publié la première vidéo et que celle-ci a été suivie par la publication d’un article sur le site de E&R.
Apolitique ? En réalité, la tentative de Mathias Cardet d’apparaitre, fort de son crédo « l’Histoire appartient à ceux qui la racontent », comme une figure de proue du soutien à la cause palestinienne, n’avait d’autre but que de donner à Alain Soral une emprise indirecte sur un mouvement qui lui échappe totalement du point de vue militant. La confusion des genres a ainsi permis d’orchestrer une belle opération de communication, au bénéfice d’Alain Soral.
Cette démonstration de force médiatisée avait aussi pour objectif de faire du bruit et d’apporter de l’eau au moulin d’Alain Soral et Dieudonné, qui proclament que les antifas sont liés à la police et à la LDJ.
En réalité, c’est tout le contraire que la mobilisation de soutien au peuple palestinien est en train de démontrer.
On sait désormais que la LDJ comme Alain Soral roulent pour Marine Le Pen. On constate aussi qu’une figure de la « dissidence » peut se faire arrêter lors d’un rassemblement interdit et être aussitôt relâché – Mathias Cardet et son groupe apparaissent objectivement comme des alliés du gouvernement hostile à la cause palestinienne.
Le travail de Mathias Cardet, Alain Soral et Dieudonné a un double objectif : premièrement, diviser les gens qui sont amenés à lutter ensemble et pourrir leur image ; deuxièmement, transformer la lutte en une entreprise de divertissement dont ils sont à la fois les personnages principaux et les actionnaires.
Samedi dernier, la présence de Mathias Cardet et de certains de ses proches au sein d’un groupe d’une cinquantaine de personnes certainement sincères, aura eu comme seule conséquence de faire monter la tension et de produire les étincelles de trop. Une fois le bordel lancé, les copains du service d’ordre ont eu toutes les peines à s’interposer entre les forces de police et les manifestants. A partir de 17H, le rassemblement prenait enfin la forme que le Gouvernement et les médias attendaient pour imprimer dans la rétine du grand public que le soutien à la Palestine rime avec chaos.
Évidemment, sur la place de la République, on était loin du chaos de gaza : un abri bus cassé, des courses dans tous les sens et quelques nuages sporadiques de gaz. Mais il n’en fallait pas plus pour que, le temps d’une heure, les médias ainsi que le gouvernement tiennent leurs images de quenelles et de violences pour cataloguer le soutien à la Palestine et classer un mouvement historique et légitime dans la case des infréquentables.
Loin de nous l’idée de penser que tout cela est le produit d’un complot. Mathias Cardet n’a pas eu besoin d’être introduit par la police ou de venir en taxi pour fournir l’étincelle qui a fait exploser la manifestation. En revanche, on ne peut que dénoncer une fois de plus le jeu de dupe dont les quartiers populaires continuent de faire les frais.
La galaxie Soral-Dieudonné, au-delà des âneries politiques qu’elle promeut, sert de chiffon rouge à un gouvernement qui l’a mise en orbite. L’Etat, qui à grand renfort de politiques libérales abandonne les quartiers populaires, utilise la visibilité médiatique de Dieudonné et d’Alain Soral pour justifier les politiques coercitives à l’encontre de leurs habitants – la mise en scène d’un antisémitisme des quartiers populaires venant compléter les figures repoussoirs déjà construites depuis plusieurs années autour de l’islam, du sexisme, de l’immigration, etc. Pour forger le repoussoir qui permettra d’aller encore plus loin dans l’exploitation et l’exclusion, rien de tel qu’une plateforme médiatisée donnant à voir le négationnisme et l’antisémitisme à la sauce quartiers : c’est aujourd’hui la fonction d’E&R, autant que son fonds de commerce.
Pour pourrir la lutte de la cause palestinienne, c’est le supplétif Mathias Cardet, déguisé en hooligan, qui a fait le job en se servant d’un groupe d’ultras comme cheval de Troie. Champagne pour le Gouvernement et la « dissidence », la manif a vrillé : vous avez bien travaillé.
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