Les vendeurs de morale sont dans l’air du temps. Hier, leurs clients manifestaient dans la rue.
Leur peur est que l’ordre économique dont ils profitent dénature la « Famille ». Pour eux, le danger n’est pas d’élever des enfants seul.e.s dans une grande précarité mais que leur vision de la famille se trouve confrontée à la réalité économique qu’ils ont mise en place.
Pour ces bonnes gens, le corps des femmes peut être une marchandise privée de voix. À leurs yeux tout peut être marchandise à condition que cela ne vienne pas heurter leur sensibilité. En gros, tout peut se faire si on en a les moyens et pourvu que ce soit discret.
Ainsi sont les honnêtes gens, ceux qui peuvent expliquer qu’ils ont réussi dans la vie parce qu’ils sont bien nés. En face, chez les gens moins riches on se trouve dans une situation toujours critiquable : on est soit polygames, soit monoparental. On est souvent illettrés, et on n’a pas envie de sourire parce que les soins dentaires coûtent un bras.
Il faut donc se débrouiller. La majorité d’entre nous utilisent la solidarité quotidienne, une petite partie milite pour un accès aux droits (santé, éducation, logement, etc) pour toutes les personnes résidant sur le territoire. Une infime minorité cherche à s’en sortir en faisant des trucs plus ou moins illégaux. Il faut aller chercher l’argent là où il se trouve.
Hier, dans la capitale, on a pu se rendre compte qu’il y avait un bon paquet de gogos prêts à acheter et à croire n’importe quoi allant dans leur sens. Surtout si c’est empaqueté par une personne appartenant à un groupe social qu’ils dénigrent.
C’est sans doute ce qui a du décider Farida B., mère célibataire, à se lancer dans le bizness de la morale.
Elle a trouvé un agent (Alain Soral) et a su populariser et médiatiser des thèmes chers aux défenseurs des valeurs de la France blanche et chrétienne : l’école publique est un lieu de pédophilie, alors que l’enseignement privé c’est le nec plus ultra.
Le truc a bien fonctionné. Farida parle bien, elle a du métier. Elle a été militante un temps du côté de ceux qui luttaient collectivement avant de penser à sa seule petite personne.
Son problème c’est que dans ses stratégies de survie, elle a commis des erreurs de parcours. Pour quelqu’un qui défend les valeurs du mariage et des trucs cathos aux côtés de l’Action Française et d’Alain Soral, le PACS est une horreur. Surtout si c’est avec une femme. Encore plus si c’est une vieille femme dont on a hérité de la maison.
L’ancienne professeure va devoir revoir sa copie de «leçons de morale ». Les vieilles dames qui l’écoutent vont y réfléchir à deux fois avant de mettre la main au porte-monnaie pour l’aider dans sa croisade anti-LGBT.
Cette affaire sortie dans la presse doit bien faire sourire les anciens de Convergences 84.
En effet, ces derniers se rappellent que Farida expliquait à l’époque l’importance de faire converger les luttes des minorités pour l’égalité des droits et qu’elle avait mis en avant le fait que les « homosexuel.le.s » devaient rejoindre la lutte. Comme quoi, on ne s’arrange pas toujours en vieillissant.
3 Réponses vers “Ma famille et moi d’abord”