Archive | octobre, 2016

Calais – les amis, ne partez pas

31 Oct

Calais donne une impression de vide après la destruction du bidonville. Sûr, ce n’est plus « the place to be ». Pourtant, il reste un peu moins de deux mille cinq cents exilé-e-s (mille huit cents mineurs dans le camp de containers, quatre cents femmes et enfants dans le centre Jules Ferry, un nombre indéfini dormant devant les containers, s’abritant dans ce qui n’a pas encore été détruit du bidonville, ou se cachant dans la ville et ses alentours. C’est équivalent au maximum qu’ait connu le Centre de Sangatte, et c’est une situation qui ne s’est pas retrouvée à Calais avant 2014.

La situation de ces personnes reste incertaine, comme est incertaine la situation de celles qui sont parties vers les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et ). Ici, les rafles continuent dans les rues et les parcs, ainsi que les contrôles au faciès et les arrestations dans les gares. Les risques d’expulsion vers des pays comme l’Afghanistan et le Soudan sont réels.

Et puis des gens continueront à vouloir aller au Royaume-uni. On ne sait pas comment ils se répartiront entre les différents lieux de passage en fonction des difficultés et des techniques utilisées (en 2010, il y a eu presque autant d’exilé-e-s à Ostende qu’à Calais par exemple), mais on sait que globalement la situation sera similaire à ce qu’on a connu lors de précédentes expulsions. Lire la suite

Rencontre avec des proches d’Adama Traoré / By Radio La LOCALE

31 Oct

Rencontre dans le quartier de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise, avec des proches d’Adama Traoré, mort dans les mains des gendarmes le 19 juillet dernier. On parle longuement avec son petit frère Youssouf et deux de ses meilleurs amis, Adel et Lotfi. Un grand merci à eux pour leur confiance. De tout cœur avec la famille et les proches dans leur combat pour arracher La vérité pour Adama. Force et courage.By Radio La LOCALE

La séance du dimanche: Les gangsters et la Republique (2/3) Petits arrangements entre amis

30 Oct

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Les gangsters et la République (2/3) Petits arrangements entre amis

 

Épisode 2 de la série les gangsters et la République, épisode précédent.

Proxénétisme, braquage et jeux sont les trois domaines de prédilection des bandits français. De la grande époque des maisons closes, quand la Mondaine fermait les yeux en échange de précieux renseignements, à celle des cercles de jeu parisiens, généreusement octroyées au Milieu corse par l’Etat au lendemain de la Libération, en passant par le Marseille Defferre-Guérini, comment policiers, gens du «milieu» et hommes politiques se croisent-ils et se servent-ils sans oublier de se renvoyer l’ascenseur ? Une enquête étayée par de très nombreux témoignages de malfrats, d’historiens, de politiques et de représentants de la loi. Lire la suite

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Grande marche pour Adama / 5 novembre

29 Oct

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Livre du samedi : Cartel / Don Winslow

29 Oct

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Roman faisant suite à la Griffe du chien sur l’échec de la guerre contre la drogue mené par les USA:

Nous sommes en 2004. Adán Barrera, incarnation romanesque mais à peine romancée d’El Chapo, ronge son frein dans une prison fédérale de Californie, Art Keller, l’ex-agent de la DEA qui a causé sa chute, s’est replié dans un monastère où il s’occupe des abeilles. Il a tout perdu – sa famille, son partenaire, sa vie – au cours de sa lutte impitoyable de trente ans contre le baron de la drogue, et n’est plus habité que par un sentiment : la vengeance. Puis Barrera s’échappe, reprend les affaires en main et met la tête de Keller à prix : deux millions de dollars. Les Mexicains sont bien obligés d’accepter l’aide de l’Américain : lui seul connaît intimement le fugitif. La guerre de la drogue reprend de plus belle entre les différentes organisations, brillamment orchestrée par Barrera qui tire toutes les ficelles : la police, l’armée, et jusqu’aux plus hauts fonctionnaires mexicains sont à sa solde. Alors que la lutte pour le contrôle de tous les cartels fait rage, avec une violence et une cruauté insoutenables, Art Keller s’emploie à abattre son ennemi de toujours. Lire la suite

La manière dont on se relève

29 Oct

 

  • La manière dont on se relève

  • ( L’Etat m’a tabassé, il continue son travail )

Une nuit de juin 2013, j’ai été attrapé par des policiers qui m’ont cassé le poignet en me traînant par les menottes jusque dans un véhicule et m’ont ensuite mis la tête dans les murs et portes du commissariat central de Toulouse.1 Peut-être parce qu’ils manquaient d’imagination mais sans doute avant tout parce que l’endroit est propice. Ils ont fait ça sous les yeux et les oreilles de tous leurs collègues occupés à garder la paix qui ne leur avait rien demandé non plus. Tous ces fonctionnaires appliqués avaient surtout l’air complètement habitués et aucun ne s’est soucié de ce qui se passait. C’est ce qui nous fait dire avec mes proches que la police m’a traité comme elle gère généralement les galériens qu’elle capture dans ce quartier.

Le poulailler reste un palais doré pour le coq, malgré la puanteur des lieux

Apparemment persuadés qu’ils seront couverts par la Justice, deux d’entre eux, ont donc aussi porté plainte contre moi. Ce n’est pas une faveur particulière, mais une habitude encore une fois. Pour se couvrir lorsqu’ils ont défoncé quelqu’un, ils portent plainte et peuvent même récupérer des indemnités à la personne sur laquelle ils se ont pu se fouler la matraque. Dans mon cas, l’un de ces héros du roman national a déclaré que j’avais fait mal au dos à son collègue pendant qu’ils m’écrasaient à trois sur le béton. Pourtant le collègue déclare s’être fait un lumbago tout seul en me menottant. Pour deux d’entre eux, j’aurais refusé un contrôle d’identité puis ils auraient dû me mettre au sol, mais pour le troisième, leur équipe n’a en fait jamais cherché à contrôler mon identité et celui-ci m’aurait arrêté alors que je m’enfuyais, en « me posant la main sur l’épaule ». Deux m’accusent d’avoir mis un coup de pied dans le tibias d’un troisième qui ne l’évoquera jamais. Aucun ne s’est présenté à la médecine légale pour faire constater une quelconque blessure. L’un a quand même eu la judicieuse idée de déclarer que je me serais cogné la tête tout seul en me débattant par terre contre le béton. Mais un autre déclare n’avoir aucun souvenir de m’avoir vu blessé avant de m’emmener au commissariat. L’un m’accuse même d’avoir été violent avec des infirmières dans l’ambulance qui m’emmena à l’hôpital pour justifier qu’ils m’y ont laissé attaché et sanglé, alors que ces dernières démentent complètement et se souviennent surtout que je criais de douleurs et que je demandais qu’on desserre les bracelets.

Ces policiers peuvent se permettre de déclarer tout et n’importe quoi, sans même vérifier entre eux la concordance de leurs mises en scène, parce qu’ils savent que cela suffit généralement à les couvrir.

De farouches sauveurs de veuves et d’orphelins ont failli me tuer en m’écrasant la tête contre des murs et des portes non prévus à cet effet, mon poignet gauche reste en partie invalide et donc ils m’accusent de violences, outrage et rébellion. En fait, il n’y a pas de contradiction dans tout ça. D’ailleurs pendant ce temps, ma plainte comme victime de violences policières et les accusations importantes que je porte à l’encontre de la police et de l’Etat ne semblent toujours motiver aucune ouverture de procès. Je serai donc jugé par le pays des droits de l’homme blanc et riche le 17 novembre 2016 au Tribunal de Grande Instance de Toulouse, à 8h30. Vous pouvez venir exprimer ce que vous pensez de tout ça, on pourra boire un thé avec les potos après et discuter un peu, ça fera plaisir de vous voir.

Dans la nuit du 7 au 8 août 2016, un homme dont ni la police ni les médias n’ont voulu livré le nom, a été retrouvé mort, le crâne fracassé, dans une cellule de ce même commissariat. Les médias dominants, comme toujours, ont servi la version policière et commencé par dire qu’il était tombé plusieurs fois sur la tête avant d’être « recueilli » par la police municipale qui l’avait emmené au commissariat central. Sûrement pour le soigner et parce que les hôpitaux ne sont plus très sûrs de nos jours. Une autopsie réalisée le 8 août révèle une Lire la suite

Commémoration de la mort d’Abdoulaye Camara

28 Oct

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YG – One Time Comin’

28 Oct

 

« in loving memory of victims of police brutality »

 

PARIS – Lethal Warning Shot

27 Oct

La police est républicaine, l’injustice sociale aussi.

27 Oct

Soucieux de plaire au plus grand nombre et de faire passer leur discours dans le consensus pro-flic ambiant, certains leaders de gauche nous expliquent que la police est « républicaine », qu’elle a raison de se mettre en colère et qu’il ne faudrait pas avoir peur de cette révolte en la qualifiant de réactionnaire ou de fasciste.

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La dernière intervention de « l’insoumis Mélenchon » est l’exemple même de cette pensée de gauche républicaine qui se résume ainsi : la police est utilisée à mauvais escient de manière politique par un gouvernement qui lui demande de réprimer. Si un pouvoir soucieux du bien-être des gens dirigeait cette police, on pourrait vivre en harmonie avec elle.

Le raisonnement se tient… sauf que l’hypothèse sur laquelle il se base est que la majorité des policiers aurait été forcée par des décisions politiques à se comporter comme des gros dégoûtants tout au long de leur carrière, en marchant sur la tête des plus faibles, en gazant, mutilant les manifestants contre la loi « travaille ! » et en tuant régulièrement dans nos quartiers populaires.

Le fondement repose donc sur la présumée discipline du policier républicain qui ne peut sortir de son devoir de réserve et mettre la crosse en l’air, c’est à dire refuser de latter un gréviste au sol, renoncer à balancer une grenade de désencerclement gratuitement sur un journaliste, s’opposer à effectuer des contrôles au faciès ou neutraliser un « suspect » en l’étouffant : c’est bien connu, le policer est tenu par des règles professionnelles qui l’obligent à faire tout cela. L’individu policier n’est donc maître de rien. Il obéit aux ordres.

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C’est justement là que le bât blesse, dans cette pensée de l’idéalisme républicain.

Aujourd’hui des policiers se Lire la suite