Archive | avril, 2017

La séance du dimanche : I am not your Negro

30 Avr

À partir des textes de l’écrivain noir américain James Baldwin (1924-1987), le cinéaste Raoul Peck revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Un éblouissant réquisitoire sur la question raciale.

En juin 1979, l’auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent littéraire pour lui raconter le livre qu’il prépare : le récit des vies et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr., Medgar Evers, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et Malcolm X. En l’espace de cinq années, leur mort a traumatisé une génération. En 1987, l’écrivain disparaît avant d’avoir achevé son projet. Il laisse un manuscrit de trente pages, Notes for Remember this House, que son exécuteur testamentaire confiera plus tard à Raoul Peck (L’école du pouvoir, Lumumba). Lire la suite

Les frères Kamara « LIBRES » ! 10 ans d’enfermement et de résistance !

29 Avr

Le 25 novembre 2007, Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli décèdent suite au « parechocage » de leur moto avec une voiture de police, à Villiers-le-Bel. Les policiers quittent leur véhicule et s’empressent de fuir la scène. Quelques heures plus tard, la version officielle, relayée par les médias, est établie : les policiers ne sont pas responsables, la mort des deux adolescents, dont on salit la mémoire en les présentant comme des délinquants, est due à leur imprudence.

Face au mensonge d’État, la colère de centaines d’habitants de tous âges explose. Les trois nuits de révoltes seront matées par l’envoi de centaines de policiers. Plusieurs dizaines de policiers sont blessés, notamment par des tirs d’arme à feu, le président de la république demande que des têtes tombent pour laver l’affront. A la « pacification » policière succède une longue phase de répression judiciaire, avec des procédés d’exception testés pour la première fois et dont feront les frais les inculpés.

Trois séries de procès ont eu lieu, apportant chacun leur lot de condamnations. Depuis février 2008, Abderrahmane et Adama Kamara sont incarcérés. Condamnés sans preuves et essentiellement sur la base de témoignages anonymes rémunérés, en 2010, puis en appel en 2011, à des peines de 15 et 12 ans de prison, les frères Kamara ont fait les frais d’un procès pour l’exemple. Lire la suite

Livre du samedi : La mécanique raciste / Pierre Tévanian

29 Avr

 

Tout le monde ou presque se dit antiraciste. Pourtant, les discriminations se perpétuent dans des proportions massives, et en toute impunité. La Mécanique raciste met à nu, chiffres à l’appui, cette remarquable contradiction. À rebours des discours complaisants faisant du racisme une simple pathologie individuelle ou un réflexe de  » peur de l’autre  » naturel et compréhensible, Pierre Tevanian souligne son caractère systémique et son enracinement dans notre culture. Soucieux de  » connaître pour mieux combattre « , il prend le racisme au sérieux et analyse ses ressorts logiques, esthétiques et éthiques, comme il est d’usage de le faire pour tout système philosophique – à ceci près qu’il s’agit ici de déconstruire une manière perverse de raisonner, de percevoir l’autre et de se concevoir soi-même. Lire la suite

Au Quartier on vote La Classe

28 Avr

Les résultats du 1er tour ont généré comme à leur habitude de multiples analyses et sont devenus l’enjeu de discussions politiques et stratégiques. Pour celles et ceux qui vivent ou travaillent dans les quartiers populaires, trois fait marquants ressortent de ce vote: le score du Front National, l’élimination du PS et de la droite par Macron et le score de Jean Luc-Mélenchon.

Le premier point qu’il ne faut pas négliger est l’importance du vote front national. Le FN totalise 7,64 millions de voix, alors qu’il en avait réuni 6,42 millions en 2012. Dès le premier tour, Marine Le Pen bat le score de son père au second tour de l’élection présidentielle de 2002, où Jean-Marie Le Pen avait récolté 5,5 millions de suffrages. Ce qui devrait appeler à la modestie tous celles et ceux qui brandissent le front républicain comme rempart au FN. Le FN  – qui n’est pas aussi haut que nous l’avait annoncé les sondages – bat cependant son record de voix des régionales de décembre 2015 (6,82 millions de voix). En clair, cette séquence n’est pas un frein à sa montée électorale. Il faut être idiot pour ne pas comprendre que si l’on continue sur ce chemin politique où les gouvernements qui se succèdent conduisent les uns derrière les autres les mêmes politiques capitalistes et xénophobes, l’arrivée du FN au pouvoir par les urnes n’est qu’une question de temps.

Ce constat est à corréler avec le second fait de cette élection : le vote Macron. Loin d’être hégémonique dans les quartiers populaires il a cependant marqué lui aussi cette élection. Le vote Macron est un privilège de gens qui vont bien ou qui rêvent de faire partie des heureux gagnants de la mondialisation capitaliste. Dans les classes populaires, le vote Macron correspond à une volonté de s’extraire de sa classe d’origine. Son programme, ses discours apparaissent comme des solutions à portée de main pour ceux et celles qui sont attirés par la réussite individuelle. Les échecs du modèle Uber et les guerres entre taximen et Ubermen – qui préfigurent pourtant ce que sera la France de Macron – n’ont rien changé à cette espérance de ceux qui croient que pour s’en sortir il suffit de le vouloir et d’être plus malin que les autres. Dans les classes populaires il y a toujours eu une fraction des nôtres qui votent à droite. Pendant longtemps le racisme structurel de la droite française a empêché de nombreux acteurs racisés des classes populaires de rouler ouvertement et sans risque pour la droite et ses valeurs de réussites individuelles. Le vote Macron permet aux racisés de cette fraction des classes populaires de voter pour un candidat libéral, donc de droite, mais sans honte. Face aux LR et a l’UDI, Macron a l’avantage d’un discours d’ouverture sur les populations issues de l’immigration, axé sur la réussite individuelle. Discours qui a cependant vite trouvé ses limites face au cas concret de Mohamed Saou mais qui n’a pas découragé des racisés musulmans soucieux de s’enrichir et de réussir dans ce bas monde au dépend des 9/10èmes de l’humanité qui crèvent des politiques capitalistes impérialistes.

Le second tour des élections se jouera donc entre ces deux candidats qui, a eux seuls, résument l’articulation punitive classe/race pour les quartiers populaires. Lire la suite

Rassemblement de soutien aux prisonniers palestiniens / Paris

28 Avr

PalHungerAppel à soutenir les prisonniers palestiniens en grève de la faim illimitée

SAMEDI  29 AVRIL  2017
De 15h30 à 17h30
Place de la République – Paris
Métro République
 
Environ 1500 détenus palestiniens dans les prisons sionistes israéliennes ont entamé lundi 17 avril 2017 une grève de la faim collective et illimitée, inédite depuis des années. Cette grève est lancée à l’occasion des célébrations de « la journée des prisonniers », observée chaque année par les Palestiniens depuis plus de 40 ans.
 
L’administration pénitentiaire coloniale a confisqué tous les biens qui se trouvaient dans les cellules des grévistes et a commencé à transférer certains d’entre eux vers d’autres prisons. Actuellement, plus de 6.500 Palestiniens, dont 62 femmes et 300 mineurs (garçons et filles), sont emprisonnés par Israël.
 
Environ 500 d’entre eux sont sous le régime extra-judiciaire de la détention administrative qui permet une incarcération sans procès ni inculpation. En outre, 13 députés palestiniens, de différents partis politiques, sont emprisonnés. Cette grève, comme les précédentes vise à mettre fin aux abus de l’administration pénitentiaire d’occupation. Les prisonniers palestiniens souffrent de torture, de traitements dégradants et inhumains et de négligence médicale, certains ont été tués en détention.
 
Israël a établi un système judiciaire à deux vitesses, l’un garantissant une impunité pour les Israéliens ayant commis des crimes contre des Palestiniens et l’autre criminalisant la présence de la résistance palestinienne.
 
Notre soutien aux prisonniers palestiniens est politique, parce qu’ils sont avant tout des militants politiques qui ont sacrifiés leurs vie pour la cause palestinienne, les droits universels quelle porte et sa résistance. Rappelons que parmi ces droits, il y a celui d’établir un Etat indépendant avec sa capitale Al Qods ainsi que le droit au retour sur leur terre et dans leurs foyers d’origines pour tous les réfugiés expulsés depuis 1948.
 
Nos associations signataires, appellent les associations, organisations ainsi que tous les citoyens à soutenir les grévistes jusqu’à l’obtention de leurs revendications et à se joindre à notre appel.
 
Solidarité et Liberté pour les prisonniers palestiniens !
Soutien à la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël !
Vive la Palestine libre !
 

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Dj FastCut – Poeti estinti feat. Danno , Rancore , Rockness Monsta & Mic Handz

28 Avr

On est encore là! 30 avril/1er Mai (Clermont-Ferrand)

27 Avr

L’association d’habitants du quartier Saint-Jacques On est là ! aura l’occasion d’accueillir à Clermont-Ferrand les 30 Avril et le 1er mai le magazine de quartiers FUMIGENE et le DIP SOCIAL KLUB (93/77) un moment culturel, festif et citoyen. Ce week-end débutera le dimanche 30 Avril à 18h à l’UPP, par un débat sur les quartiers populaires avec Nora HAMIDI, journaliste, rédactrice en chef de Fumigène, Nnoman, photographe et coordinateur de la revue. Ce sera l’occasion d’inaugurer l’expo photo de Sidpics, photographe engagé du quartier Saint-Jacques. Dans la soirée, se tiendra, un micro ouvert au rai, au chaabi, au rap, aux musiques turques, congolaises et à tous les styles. Ce stand up musical sera suivi d’un concert d’électro mélangée animé par Ayam the dog, dj du Dip Social Klub. Le dimanche 1er mai, à 14h,  Dip Social Klub animera un atelier graph ouvert à tous, à la Muraille de Chine, avec les artistes clermontois de Recycl’ Art, des musiciens du quartier . Se tiendront des discussions autour de la vie du quartier et rénovation urbaine. Pour tout contact : Association On est là ! : 06 25 71 24 73

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Barbès Blues au temps du couvre-feu (61) / Farid Taalba

26 Avr

Barbès Blues au temps du couvre-feu / épisode précédent

 

Puis, abandonnant la pieuse direction de Aïn El Hammam, l’esprit agité et la chair brulante, Madjid plongea son regard terrorisé dans l’obscurité de la plaine. Quand il releva son chef, face à lui, il buta conte la muraille de crêtes qui lui barrait l’horizon en escortant, du massif de Gueldaman jusqu’à la mer, la rive droite de la vallée. Vertigineusement élancées, alertes et inquiétantes, leurs imposantes silhouettes dangereusement crénelées planaient au- dessus de la plaine que Madjid voyait comme un immense cimetière à ciel ouvert ; elles semblaient le surveiller dans le silence qui y régnait. Seul au milieu de la plaine, sur la rive gauche, le piton d’Akbou se tenait en sentinelle détaché de tout massif de crêtes et face à celles de Gueldaman qui lui faisait autoritairement face. Derrière lui, des glapissements de chacals suivis de hurlements le firent sursauter ; il se plut cruellement à y entendre une plainte, un appel au secours de Zahiya. N’avaient-ils pas jailli du côté où se situait son village ? Tout à coup, les parois de son esprit se tapissèrent de son image. Dans toute direction qu’il se portait, il la voyait, démultipliée sous d’impressionnistes couleurs psychédéliques. Pris de vertiges, il eut beau se ressasser qu’il perdait la tête, qu’il n’avait pas entendu les pleurs de sa bien-aimée, qu’il avait trop bu, mais ces propres larmes lui nouaient déjà des nœuds dans la gorge. Même les yeux fermés, il retrouvait toujours la multitude de son visage désespéré ; elle le frappait d’abattement et de regrets amers comme la grêle crevant les jeunes pousses d’un printemps mort-né. Il se prit la tête entre les mains et rumina sa mouscaille en hachant des mots devenus incompréhensibles même pour lui ; il suait d’alcool, son sang courait dans ses veines et, au bord de l’étouffement, il croyait, qu’à chaque souffle, il allait s’effondrer. Mais, sur sa droite, descendant la route du col de Chellata, des lueurs le surprirent et attirèrent son regard comme s’il retrouvait enfin la réalité. Dans l’obscurité, elles surlignaient les lacets en balayant les bas-côtés d’où surgissaient des arbres et des rochers saisis dans un flash d’appareil-photo. En suivant leurs mouvements, il n’osa y croire. Mais les bruits qu’il entendit aussitôt après ne lui laissèrent aucun doute. Des véhicules approchaient, il y en avait deux. « Qui, s’interrogea-t-il soudain requinqué par la peur, cela peut-il être ? Et à cette heure ?! Avec tout ce qui se passe maintenant ! ». Il mangeait des yeux les arbres et les rochers qui défilaient au fur et à mesure de la progression des véhicules. Jusqu’au moment il crut reconnaître un groupe de rochers dont il avait gardés le souvenir. Quand Madjid compris que les arbres et les rochers éclairés étaient ceux situés entre le village de Mliha et celui de Tifrit, et vu qu’il se trouvait sur un talus surplombant la route par laquelle ces véhicules ne pouvaient qu’arriver à lui, Madjid se précipita derrière lui en grimpant la pente : « Les militaires, les militaires ! ». Il tenait à peine sur ses jambes ; gêné par sa valise, il glissa plusieurs fois à terre. A quatre pattes, comme un chacal en fuite, il se cacha derrière une barrière de figuiers de Barbarie en poussant devant lui son paquetage. Quand la lumière balaya les figuiers de Barbarie, il ne put rien distinguer dans l’aveuglement des phares. Aux ronflements des moteurs, s’ajoutait un air de musique qui ressemblait à ceux qu’il avait déjà entendus avec Môh Tajouaqt, quand un jour il l’avait persuadé de le suivre dans une cave de jazz au quartier de Saint-Michel. Dans les grésillements d’un électrophone aux haut-parleurs desquels on aurait posé un mégaphone, il entendit les voix éraillée et débridée de jeunes garçons reprendre les paroles derrière le chanteur dans une langue qu’il identifia vite même s’il ne la comprenait pas : Lire la suite

Darcus Howe à Race Today : « A I see it! »

26 Avr
Darcus Howe (1943 – 2017), né à Trinidad et Tobaggo, installé à Londres depuis 1961, journaliste et homme de télévision, a été un farouche militant pour l’égalité raciale et la justice sociale, impliqué dans de multiples campagnes politiques marquées par le souci de l’auto-organisation hérité du Black Power’s Mouvement.
Dans un entretien qu’il nous a accordé en mai 1991 dans les locaux du Race Today Collective à Brixton, il revient sur plusieurs épisodes déterminants de l’histoire politique des Noirs en Grande-Bretagne, dont l’affaire des Mangrove 9 contre le harcèlement policier (Notting Hill, 1970-71), le New Cross Massacre, The Black Day of Action et l’insurrection de Brixton (1981).

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Résistons Ensemble No 162 / Les fossoyeurs de gôche et leurs porteurs d’eau

25 Avr

Voici en pdf, le No 162, avril 2017, du petit journal mobile « RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et sécuritaires. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques …

à bientôt.
L’équipe de rédaction

Pour télécharger ce bulletin mis en page au format pdf : http://resistons.lautre.net/IMG/pdf/re162-avril-2017.pdf

Les fossoyeurs de gôche et leurs porteurs d’eau

Alors que l’état d’urgence court depuis plus d’un an, la loi sur « la sécurité publique », assouplissant l’usage des armes à feu pour les forces de l’ordre, vient d’être promulguée le 1er mars. Un mois après, ça fonctionne déjà : 2 morts par balle en quatre jours. Angelo Garand, un « déserteur », abattu par les super gendarmes du GIGN dans Loir-et-Cher. Il a été désigné comme « gitan » par les médias pour que ça « passe » mieux sans doute. (voir l’appel de sa sœur p. 4). L’autre assassiné, c’est M. Liu, abattu par les BAC d’une balle à bout portant chez lui, devant sa famille. Remarquez, il était en train de découpeR du poisson avec des ciseaux, c’est grave.
Un autre signe de cette montée en grade répressive est visible dans le traitement réservé aux lycéens mobilisés autour de Théo. À Saint-Denis (93) la police tabasse, matraque, gaze, humilie avec une violence rare des centaines d’élèves du lycée Suger (voir P. 4).
Voilà l’héritage que laisse ce pouvoir de « gôche » à l’agonie. Avec la caution de la nouvelle loi et l’état d’urgence maintenu, la police a les mains libres. Face à leur désastre électoral prévisible, les partis de « gôche » parlementaire commencent à se repositionner. Tout d’un coup, ici et là on entend leurs critiques des violences policières, critiques softs bien sûr, qui ne mettent pas en cause les corps répressifs, mais leurs soi-disant « brebis galeuses ». Lire la suite