Archive | octobre, 2019

Barbès Blues au temps du couvre-feu (120) / Farid Taalba

24 Oct

Barbès Blues au temps du couvre-feu / épisode précédent

 

Ah… bon… bah ça ne te dérange pas plus que ça ?! Tu trouves ça michto… un gars qui se met à table pour te servir la première fois où il t’a dépecé le portrait en jetant ses mirettes sur ton derrière… heu… pardon… derrière ton dos ?… J’avais rien commandé, je suis allé à la fenêtre, c’est tombé comme un cheveu sur la soupe. Pendant quelques secondes, je n’ai pas pu couper au menu qui s’est présenté à moi, ce laps de temps aura suffi avant que je referme les volets sur la cuisine que je voyais se préparer dans la chambre de l’hôtel d’en face. – Si ton charabia m’est destiné, sache que tu perds ton temps puisque nous voilà réunis. Maintenant que tu m’as débité la première fois où tu m’as flashée, je te repose la question : ne trouves-tu pas que c’est une belle coïncidence si tu es de nouveau coincé avec moi dans cette nouvelle souricière ? – Ah, peut-être, mais cette fois on n’est pas chez mézig… et pourquoi me regardes-tu comme ça ? Je sais bien que tu as de beaux yeux. Mais là, ils sont bien brillants. Lire la suite

Barbès Blues au temps du couvre-feu (119) / Farid Taalba

9 Oct

Barbès Blues au temps du couvre-feu / épisode précédent

 

Depuis le début, dans la semi-obscurité enveloppant le stade, Hassan avait suivi avec attention le déroulement de la comédie musicale. Malgré les bruyantes allées et venues des véhicules, des mouvements de troupe et des vifs échanges de paroles entre militaires, l’écho renvoyé de la tribune lui parvenait nettement. Il percevait aussi du coin de l’œil les éclats de lumière du poste de télévision dont les mouvements oscillaient au rythme de l’action du film. Il s’esbignait ainsi de la prise de tête qui devait assiéger chacun des prisonniers quant au sort qui allait leur être réservé. « Tu reconnais cet air-là ? » lui demanda subitement Wardiya. « Oui… oui… « Marvellous », murmura-t-il-il d’un air détaché, c’est loin tout ça… c’était au concert du Nat King Cole trio… au Petit Journal Montparnasse… on n’était pas hors-jeu comme on l’est maintenant… et tout ça à cause d’un simple insigne de la JSMB…

– Oh, j’aurais mieux fait de le perdre, lâcha Wardiya des sanglots dans la gorge.

– Ce n’est pas le moment de culpabiliser, enchaîna Hassan en haussant le ton, au contraire, merci de me l’avoir apporté… tu n’as cherché qu’à me faire plaisir… tu ne pouvais pas prévoir le reste… et puis… et puis le match n’est pas terminé… moi, contrairement à la chanson, les mots ne me manquent pas pour dire combien j’ai encore envie de vivre…

Puis, dans son élan, il se mit à démêler du Si Mohand ou Mhend : Lire la suite