Casapound est une organisation d’extrême droite qui prétendait construire le « Fascisme du Troisième millénaire ». Depuis le 3 juillet dernier et le meurtre de Silvio Fanella, on sait désormais que derrière cette étiquette se cache une organisation qui a d’autres activités que la seule promotion du folklore fasciste italien. Les enquêtes qui se déroulent en ce moment, font apparaître clairement que la direction de Casapound et certains membres influents de l’extrême droite italienne sont impliqués dans des affaires criminelles de grande importance. Silvio Fanella était le « caissier » de Gennaro Mokbel, militant fasciste de longue date récemment condamné pour escroquerie et détournement de fond et trafic d’influence.
Gennaro Mokbel assigné à résidence
Mokbel est aussi en lien avec des familles ‘ndranghetistes (mafia calabraise).
Gennaro Mokbel et Franco Pugliese un « chefs supposés » devant un gâteau aux couleurs du PDL (parti de Silvio Berlusconi)
Ce meurtre et l’enquête qui en découlent viennent briser l’image de militantisme alternatif que Casapound s’était créée en mettant en scène tout ses faits et gestes à grand renfort de communication sur le web. Gianluca Iannone, leader de Casapound, a nié que le tueur puisse avoir un lien avec son organisation, comme à chaque fois qu’un de ses militants tue quelqu’un. Et comme à chaque fois, les faits lui ont donné tort.
Giovanni Battista Ceniti, un des trois responsables du meurtre de Silvio Fanella et responsable de Casapound Verbania jusqu’en 2012
En revanche il n’a sans doute pas d’explication quant à Lire la suite →
Le mouvement CasaPound en Italie, modèle culturel pour le fascisme européen ?
Les droites populistes, radicales et extrêmes occupent le devant de la scène politique en Europe. En dehors des percées électorales ou des flambées de violence récurrentes de ces dernières années, les droites radicales partent désormais à l’assaut de notre imaginaire ainsi que de la culture et des représentations de la vie quotidienne.
Le laboratoire de ces expériences « métapolitiques » les plus avancées se trouve en Italie, il se nomme « Casapound ». Ce réseau, structuré autour de pseudos centres sociaux appelés «occupations non-conformes», tente de se fondre dans le paysage culturel, sportif et social de l’Italie berlusconienne. Ce mouvement parrainé par Gabriele Adinolfi se présente comme un mouvement contestataire mais entretient des rapports étroits avec le pouvoir berlusconien.
Casapound est une source d’inspiration pour les différents courants de droite radicale en France. Les Identitaires, Alain Soral et le Mouvement d’Action Sociale reconnaissent CasaPound comme une avant garde et revendiquent un lien avec ce mouvement.
Une compréhension de la nature et de la stratégie de CasaPound est nécessaire afin de pouvoir organiser une lutte efficace contre les ennemis politiques des quartiers et classes populaires.
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Lieu :
Bourse du travail de St Denis
9 rue Génin
93200 Saint Denis
Voici le No 1172 « RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et sécuritaires. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques …
Dans les lycées, le pouvoir s’attendait à une résistance face à la sélection sociale et territoriale que représente le « parcours sup’ ». Or un combat s’est levé… mais pas de la part de ceux qui en sont directement les victimes : les lycéens. Les matraquages, exclusions, intimidations préalables ont fait leurs œuvres… ces derniers n’ont pas, ou très peu, bougé. Ce sont les étudiants qui manifestent, occupent, bloquent contre une agression qui, pourtant, ne les concerne plus directement. Et les cheminots ? Ils ne luttent pas pour une augmentation de salaire, pour eux-mêmes, mais, entre autres, contre la suppression de leur statut… qui ne frappera que les futurs embauchés. Il en va de même pour les zadistes de Notre-Dame-des-Landes… Ils ont gagné, fait reculer l’État, et on leur promet des situations en règle… à la seule condition qu’ils abandonnent la lutte collective qui leur a justement permis de gagner, qu’ils rentrent dans la « normalité » du monde du profit. L’équipe Macron ne comprend plus, elle flaire le danger : la mise en cause par la lutte de cette société de rapaces capitalistes et de leurs règles. Le pouvoir est surpris, mais frappe sans pitié. Se sentir obligé d’envoyer 2 500 gendarmes robocops, des hélicoptères et blindés contre quelques centaines de zadistes ou des centaines de CRS contre des amphis occupés est un aveu de faiblesse. Les fascistes ont bien saisi ces failles de l’État et sortent de leur trou, comme à la fac de Montpellier. Ces trois luttes qui défient les règles nous laissent donc entrevoir une autre société, juste et fraternelle : la fin du « chacun pour soi », du « premier de cordée », du « tu es ce que tu mérites », chers à la Macronie. Vous connaissez le mercure ? Répandu, il forme de minuscules billes, des sphères parfaites, brillantes, miroirs de la réalité. Mais celles-ci sont en équilibre instable. Soit elles se dispersent, soit elles convergent, entrent en contact, les forces moléculaires invisibles les unissant, créant des billes de plus en plus grosses et puissantes. Il en est ainsi aujourd’hui avec les luttes des cheminots, étudiants, zadistes, retraités, sans-papiers, réfugiés, postiers, personnels de la santé, de l’éducation, des EHPAD… Elles sont aussi belles que les billes de mercure. De leurs convergences pourrait naître un autre avenir.
Lettre d’un prisonnier du G20 du 14.08.17, depuis la prison de Billwerder à Hambourg
Voilà près d’un mois et demi que j’ai été incarcéré, pendant le douzième sommet du G20, à Hambourg, dans une ville qui a été assiégée et prise en otage par les forces de l’ordre mais qui a aussi vu naître pour l’occasion une contestation locale et populaire assez importante.
Des dizaines de milliers de personnes, si ce n’est plus, affluant de toute l’Europe, voire de plus loin, se sont rencontrées, organisées et ont convergé, discuté, défilé ensemble pendant plusieurs jours dans un grand élan de solidarité tout en ayant conscience de pouvoir subir à tout moment la violence et la répression de la police. Un immense tribunal de police en algeco avait même été construit pour l’occasion, afin de sanctionner dans les plus brefs délais toute contestation contre ce sommet international.
Mon interpellation, comme celle de beaucoup de compagnon(ne)s, ne reposant uniquement sur la seule base de la sacro-sainte parole policière, celle d’une brigade habilitée à s’infiltrer, observer et prendre en filature « ses proies » (quarante-cinq minutes dans mon cas, pour un supposé jet de projectile…), jusqu’à ce qu’une fois isolées, il y ait la possibilité de les interpeller en leur envoyant des collègues qui interviennent rapidement, violemment, ne nous laissant aucun échappatoire.
Me voilà donc enfermé dans ces lieux primordiaux au bon fonctionnement d’un ordre social global, ces lieux servant d’outil de contrôle et de gestion de la misère, essentiels au maintien de leur « paix sociale ». La prison agissant comme une épée de Damoclès au dessus de chaque individu afin qu’il soit pétrifié à l’idée de déroger aux codes et diktat d’un ordre établi : « métro, boulot, conso, dodo », auquel aucun dominé ne devrait échapper pour ainsi s’aliéner au travail et à la vie qui va avec, être à l’heure, sans jamais broncher, et pas seulement au second tour des présidentielles, où on a exigé de nous d’être « En Marche » ou de crever, mais de préférence lentement et silencieusement.Lire la suite →
« Le fogne, en italien », c’est les égouts. En guise de cadeau de bienvenue en 2016, QL vous invite à patauger dans les bas-fonds crapoteux du néo-fascisme romain du début du XXIe siècle.
Il y avait deux raisons au moins pour revenir sur les activistes néo-mussoliniens en ce mois de décembre passé : le souvenir de l’attentat de la piazza Fontana à Milan le 12 décembre 1969 et la mort ce 16 décembre 2015 de Licio Gelli, le sinistre maître de la loge fascisto-mafieuse P2, acteur majeur de la stratégie de la tension dans l’Italie des années de plomb, impliqué –directement ou indirectement– dans un grand nombre de saloperies internationales, dont la création des escadrons de la mort de la triple A en Argentine, avant de soutenir la junte militaire. Un condensé de –vrai– complotisme d’extrême doite, le « vénérable » Gelli : ancien volontaire pro-franquiste pendant la guerre d’Espagne, officier fasciste en Italie dans les années 1940, militant du MSI après la guerre, il a été une des pièces clé du réseau paramilitaire Gladio, une espèce d’internationale barbouzarde impliquée dans une infinité de coups tordus, dont le coup d’État des colonels en Grèce ou celui mené en Bolivie en 1980 avec l’aide de Klaus Barbie, en passant par l’organisation des G.A.L., responsables dans les années 1980 de 27 assassinats dans les milieux indépendantistes basques.
Le 12 décembre 1969, une bombe placée Piazza Fontana, à Milan, faisait 16 morts et 88 blessés. C’était le premier acte de ce qu’on a appelé par la suite la « stratégie de la tension »: déstabiliser l’ordre démocratique, pousser la gauche à réagir violemment aux attaques fascistes pour justifier l’imposition d’un ordre autoritaire -le coup d’État des colonels en Grèce c’est 1967- ou, au moins, l’instauration d’un état d’urgence plus ou moins permanent permettant d’écarter toute perspective d’une accession de la gauche au pouvoir. Il fallait à tout prix maintenir la Démocratie Chrétienne (et les intérêts économiques qui lui étaient liés) aux commandes de l’État. Pour la bombe de Milan, on dénonça immédiatement l’extrême gauche et les anarchistes, on arrêta à grand renfort de publicité 84 militants libertaires, dont un cheminot du nom de Giuseppe Pinelli, qui passa par la fenêtre du quatrième étage du commissariat où il était interrogé. Après avoir laissé penser qu’il s’agissait d’un suicide qui démontrait son implication dans l’attentat, l’enquête aboutit officiellement à la conclusion que Pinelli avait été victime d’un malaise…
En fait la bombe avait été posée par des militants d’un groupuscule néo-fasciste plus ou moins téléguidés par les services secrets italiens, eux-mêmes en cheville avec la CIA, une sauce particulièrement nauséabonde qu’on devait retrouver systématiquement par la suite. Ce n’était que le début d’une série extrêmement meurtrière d’attentats terroristes aveugles, dont le point culminant aura été bien sûr l’explosion du 2 août 1980 à la gare de Bologne. Action revendiquée en l’occurrence par les N.A.R. (Noyaux Armés Révolutionnaires).
Les N.A.R. étaient organiquement liés, pour une partie de ses militants au moins, au groupe Terza Posizione, dont deux des principaux chefs étaient Roberto Fiore et Gabriele Adinolfi. Ces braves garçons ont dû s’exiler quelque temps à Londres lorsque leur nom est apparu dans l’affaire de Bologne. Ils en ont profité pour faire du fric et continuer à œuvrer pour la cause fasciste. De retour en Italie, on les retrouve en effet à la manœuvre pour passer le relai à croix celtique à la génération suivante. Fiore monte Forza Nuova, parti faf traditionnel, tandis qu’Adinolfi investit dans l’innovation technologique, en finançant Casa Pound, produit frelaté vendu comme du « fascisme 2.0 » en raison d’un gros travail de com et une diversification des activités, en dehors des ratonnades et autres activités ludiques de tout skin reconverti qui se respecte. Un relookage qui fait saliver d’envie les boutiquiers besogneux de la PME soralienne, mais qui ne fait illusion qu’auprès des convaincus : comme QL a déjà eu l’occasion de le montrer, Casa Pound fait surtout du fric grâce à divers trafics, et reste une officine de fafs supplétifs de l’État en l’occurrence berlusconien. De fait, depuis que Berlusconi -lui aussi ancien de la loge P2- a perdu le pouvoir et ses alliés la mairie de Rome, Casa Pound est en nette perte de vitesse. Un hasard, sans doute.
Le documentaire de Carlo Bonini, Valeria Teodonico, Fabio Tonacci et Corrado Zunini fait le point sur l’état des forces en 2008. Il est parfois sensationnaliste et irritant dans ses commentaires (c’est la Repubblica qui diffuse, et la Repubblica est au journalisme ce que Matteo Renzi ou Manuel Valls sont à la gauche : un panaris). Il a au moins l’avantage de présenter les sept familles à poil ras du néo-fascisme italien et de donner pas mal de billes pour s’y repérer. Ah ! et bonne année quand même…
Samedi 10 octobre 2015, les forces politiques de la gauche radicale turque et kurde ont été la cible d’un attentat monstrueux.
Cet attentat s’inscrit dans le prolongement d’une longue série de violences politiques à l’encontre des forces révolutionnaires kurdes et turques. L’attentat de Suruç, le 20 juillet 2015, a servi de prétexte au président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour reprendre l’offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et réprimer sévèrement les mouvements de gauche en multipliant les arrestations sur tout le territoire. A Diyarbakir, dans l’est de la Turquie, les forces spéciales turques ont attaqué la ville. Sous la houlette du PKK, les habitants se sont défendus, tenant en échec les forces militaires turques pendant plusieurs jours. Depuis l’attentat de Suruç, qui a visé des militants de la gauche turque, l’Etat turc est officiellement entré en guerre contre Daesh mais, dans les faits, il bombarde surtout les positions du PKK, notamment celles de l’état-major basé sur le mont Qandil, en Irak. Face à cette violence d’Etat, le PKK réagit par des embuscades et des assassinats ciblés qui font des dizaines de victimes chez les militaires et policiers.
La stratégie d’Erdogan, qui veut se construire un régime présidentiel fort, ne trompe personne. L’évidence est que le véritable adversaire d’Erdogan, le pantin islamiste de l’OTAN, est la gauche révolutionnaire turque et le parti HDP, le parti des peuples, qui en juin dernier a privé l’AKP, le parti de la justice et du développement du président au pouvoir, d’une majorité absolue.
L’AKP et Erdogan ont recours aux militants islamo-nationalistes les plus radicaux du pays pour répandre la violence, quand ce n’est pas carrément avec les services secrets de l’Etat turc qu’ils l’organisent. Il est établi que Lire la suite →
Le 2 août 1980, il y a 35 ans, une bombe explosait dans la salle d’attente des seconde classe de la gare de Bologne. Une bombe de vingt-trois kilos placée au milieu d’une salle bondée de gens qui, tout simplement, partaient en vacances, le 2 août pour le mois d’août, le mois d’août, en Italie comme ailleurs, les gens prennent le train et partent en vacances. Et puis Bologne, c’est un nœud ferroviaire important. Ça permet d’aller vers le nord, vers les plages de l’Adriatique ou de Toscane, vers le sud. Il y a forcément du monde. Alors mettre vingt-trois kilos d’explosifs à 10 h 25 du matin, c’est sûr que ça produit son effet. Deux-cents grammes bien placés, déjà, ça fait des dégâts, ça peut blesser du monde et ça crée à coup sûr une belle panique. Vingt-trois kilos, ça fait un massacre. 85 morts, plus de 200 blessés, de grands, des petits, de enfants, des vieux. De tout, quoi. Des gens qui voyagent en train en seconde classe pour partir en vacances. Un des pires attentats commis en Europe de puis 1945. La gare fut presque totalement détruite par l’explosion. La salle d’attente fut atomisée avec les personnes qui se trouvaient à l’intérieur. Un train situé au-dessus et déjà plein de voyageurs fur également renversé et en partie détruit. Presque immédiatement, Francesco Cossiga et son gouvernement évoquèrent la thèse d’une explosion accidentelle de chaudière. Une explication pratique, simple et massive, qui avait l’avantage immense de couper court à toutes les questions : si c’est la faute à pas de chance, pas de coupables, pas de réseaux de soutien, pas d’enquête. Le problème, c’est qu’il apparut très vite que ce n’était pas une chaudière, que c’était bien des explosifs et qu’il y avait bien des responsables. Dès le 26 août, la responsabilités des milieux néo-fascistes était établie, et il semble toujours clair que de sont des membres des Noyaux Armés Révolutionnaires (N.A.R.) qui ont posé la bombe. Valerio Fioravanti, une ancienne star de série télé, et Francesca Mambro, sa compagne, tous deux membres actifs des NAR ont été arrêtés et condamnés en tant qu’auteurs matériels du massacre. Mais l’enquête révéla qu’on n’avait trouvé que l’infime partie émergée d’une organisation qui menait jusqu’au cœur de l’État italien, ce qui explique l’empressement de certains à enterrer l’affaire. Outre les militants des NAR, plusieurs militants de Terza Posizione, un groupe clairement fasciste, Roberto Fiore et Gabriele Adinolfi en particulier, furent impliqués, mais, informés à temps, ils purent fuir à l’étranger. Surtout, l’enquête remonta jusqu’à deux hauts officiers des services secrets militaires italiens, le SISMI, et jusqu’à Licio Gelli, le fameux grand-maître de la loge P2 (Propaganda Due), mettant au grand jour la trame de la « stratégie de la tension »: le terrorisme noir était au moins téléguidé par une tendance importante des services et des réseaux d’intérêts dont l’objectif était de déstabiliser l’État pour le forcer à abandonner tout cadre démocratique et à prendre des mesures autoritaires sur la société, le tout pour favoriser les affaires. Une stratégie qui avait marché en Argentine quelques années auparavant, quand l’Association Anticommuniste Argentine (triple A), un groupe paramilitaire composé de fascistes, de barbouzes et de flics parrainé par un ministre lui-même en relation directe avec Licio Gelli, José López Rega, avaient frappé aveuglément la société. Le degré de violence atteint en 1975-1976 avait fourni les arguments à l’armée des arguments acceptés par une bonne partie des classes moyennes pour prendre le pouvoir et s’attaquer à la « subversion », c’est-à-dire tout pas uniquement les groupes armés révolutionnaires, mais tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une organisation de lutte sociale, syndicat, association de gauche, etc. L’attentat de la gare de Bologne n’était pas le premier du genre, depuis ceux de la Piazza Fontana à Milan et celui de Brescia, plusieurs bombes fascistes avaient tué. Mais son effet aura été contre-productif pour ses commanditaires : la découverte d’un vaste complot néo-fasciste au sein de l’État capable d’un tel assassinat de masse un jour de départ en vacances retourna l’opinion. Les Brigades Rouges, Prima Linea, les NAPC avait donné lieu à de très nombreuses arrestations. Dans ce cas précis, on put apercevoir les parties les plus visibles de la trame: Gelli, des néo-fascistes, quelques officiers des services, mais on ignore toujours qui étaient les vrais commanditaires. Du coup l’hypothèse du retour à un régime militaire, comme en Argentine ou en Grèce au même moment fut abandonnée, les affaires pouvant de toute façon être menées dans un cadre démocratique formel. La plupart des responsables condamnés ont fini par être acquittés. Fiore et Adinolfi ont pu rentrer de leur exil doré, l’un pour fonder Forza Nuova, l’autre pour parrainer Casa Pound, le mouvement faf qui fait baver d’envie Soral et l’ensemble de la galaxie extrême-droitière française.
2/des images sans paroles prises sur le vif, qui montrent sans besoin de commentaires la violence de l’explosion et du massacre
3/ Un film qui vient de sortir, La Linea Gialla, à l’occasion des 35 ans de l’attentat. Il est franchement moyen, mais il a le mérite d’exister, de rappeler les faits, images d’archives à l’appui, et de poser les bonnes questions : qui était derrière les fafs qui ont posé la bombe ? Pourquoi ne les connaît-on toujours pas ? Lors de la commémoration des 30 ans de l’attentat, aucune personnalité du gouvernement Berlusconi -lui aussi ancien de la loge P2- ne s’est déplacé à Bologne. Francesco Cossiga, ancien chef du gouvernement à l’époque des faits s’obstine lui à attribuer l’attentat au FPLP palestinien…
Depuis la chute de l’aristocratie, les droites radicales n’ont de cesse de vouloir se faire passer pour des forces révolutionnaires alors qu’elles ne rêvent que d’une chose : un ordre hiérarchisé, fondé sur des critères de classes voire de races et organisé autour d’un grand chef. Avec un tel programme, on est loin d’un « ordre nouveau ».
Une partie des militants des droites radicales veut réhabiliter l’aristocratie traditionnelle. C’est le cas de Marion Sigaut, un des produits phare d’E&R, restée fidèle à Soral (le fait qu’il soit son éditeur lui permet de supporter les insultes). Le reste fait des discours sur la mise en place d’une nouvelle élite, soit l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle aristocratie qui aurait gagné ses titres de noblesse au travers des combats de races et de classes que promeuvent les droites radicales.
Dans le cas français, ils égrènent leur chapelet de fiel depuis plus de deux siècles, de Boulanger à la famille Le Pen en passant par Pétain et Poujade. Leur discours rageur et simpliste (c’est la faute des juifs, des immigrés, des musulmans, etc.) stigmatise les dérives du pouvoir en place et capte l’attention des personnes excédées par les injustices, à plus forte raison dans des circonstances de crise politique et économique.
Nous sommes aujourd’hui dans une configuration propice à Lire la suite →
A ton avis ça parle d’émancipation? De lutte pour l’égalité sociale? D’anti-impérialisme?
A ton avis?
Non, c’est le dénigrement des luttes pour l’indépendance et le rappel du temps béni des colonies. Soral, Holleindre et les nationalistes français pleurent le temps de la France coloniale.
Comment est-il possible de se réconcilier avec le type qui a torturé, violé et tué des membres de ta famille afin de préserver les fortunes de France et qui n’éprouve aucun remord? Au mieux il fera de toi son employé de maison.
Comment peut-on croire que ce que Soral, Holleindre & cie racontent sur les feujs est vrai si leur version qui concerne nos histoires est fausse? L’Algérie voulait rester une colonie française? L’empire colonial était génial et les troupes d’occupations douces avec les populations?
Avec le temps, la Vérité apparaît : ce qui reste de la dissidence c’est juste du racisme et du mépris pour nos familles et les combats menés par les générations précédentes. Mettre des coups, même symboliques, à une personne présentée comme rivale par le maître aux côtés du maître ne fait pas toi un être libre, cela fait de toi un larbin du maître. Un supplétif qui ne pourra pas se faire passer pour un « malgré nous« , parce que personne ne t’a forcé à marcher avec eux.
Un média a beau clamer son indépendance, parler de liberté d’expression et de déontologie, il a toujours une ligne éditoriale. Même si cette ligne n’est pas assumée au grand jour, elle transparait toujours dans le choix des sujets ou la manière dont ils sont traités.
Accoler l’adjectif « libre » à un media c’est souvent se payer de mots. C’est comme pour « l’école libre », qui n’est en fait qu’une école confessionnelle privée. On peut être pour ou contre mais c’est une école confessionnelle gérée par des intérêts privés. La nommer école libre c’est se moquer des gens. C’est leur vendre une idée et le rêve qui va avec pour légitimer le concept d’une école religieuse et payante.
Dans nos quartiers, chacun sait que, quand on s’embrouille, quelqu’un en arrive presque toujours à lâcher un : « d’où tu me parles ? » Au-delà du réflexe, cette formule est aussi une question de bon sens. Elle pointe un véritable enjeu : comprendre d’où l’autre nous parle.
Cette question, chacun devrait se la poser avant de prendre pour Lire la suite →