Barbès Blues au temps du couvre-feu / épisode précédent
Le grand garçon se sentit encore plus fier quand la vieille se mit à sabouler le chauffeur : « Ah Bou Taxi, prends de la graine de ce garçon qui n’a de permis de conduire que pour diriger des ânes et des mulets !
– Jeune homme, raisonna alors le maître pour calmer les esprits, face à la tempête qui se lève, n’oublie pas que tu as beau souhaiter « Qu’elle tombe ! », dieu seul sait ce qui adviendra. En attendant le déluge, voici venir un cortège bien joyeux. Si j’en juge par les mains qui tiennent les baguettes du tbel, c’est la troupe de Qaci Boudrar. A nôtre bon plaisirs, mes amis ! Savourons les tambours et les chants tant qu’on peut encore. Au temps des jours sombres, ils pourront toujours nous réconforter et entretenir l’espoir qui ne doit pas s’éteindre. Jeune homme, prépare-nous donc quelques figues pour accommoder la chanson.
– Ah, merci à vous maître pour ces figues dont je ne préjuge aucunement de leur saveur, remercia Bou Baghla, mais l’heure du départ sonne pour moi. Justement, c’est ce cortège que j’attendais. ».
La tête de la procession poignit de la forêt par un sentier qui lui défilait le tapis jusqu’au bord de la route. Les tambourinaires et les joueurs de ghaïtas ouvraient le défilé, suivi d’une petite foule qui ne se privait pas d’enthousiasme à faire son carnaval. Un groupe de maîtresses femmes reprenaient en chœur :
Plateaux et belles tasses
Par les montagnes nous reviennent
Femmes, des you-yous, c’est la fête de notre cher !
Nous apportons gâteaux et confiseries
Ma voix est haute
Je veux que tout le village l’entende
Je louerai le protecteur de la fête
Tous les hommes et toutes les femmes Lire la suite