Lorsque le peuple se révolte il libère une énergie créatrice qui s’affranchit des codes et des dogmes académiques. En Egypte, depuis la révolution de 2011, les rues sont le témoin d’une rencontre, celle de l’art et de la société. Ces moments sont rares dans l’histoire, lorsque le signe quitte les musées, les livres et les panneaux publicitaires pour descendre dans la rue. Le dessin suit alors le mouvement de la société, comme ce fut le cas pour les brigades de muralistes au Chili ou bien les mouvements de graffeurs qui ont accompagné l’explosion du hip hop des années 70-80.
En Egypte, peu de moyens, mais beaucoup de talent, et comme souvent quand on a pas de moyens, beaucoup d’imagination. On mixe les techniques, pochoir, collage, fresque, graffiti. Les dessins sont des hommages aux martyrs, ils composent des hymnes à la révolution, ils condamnent le pouvoir et la répression, ils revendiquent la présence des femmes dans la révolution car beaucoup de ces artistes sont des femmes, ou tout simplement ils font réver. Ces images nous apprennent et nous rappellent à notre humilité car c’est toujours la rue qui nous apprend, ce n’est pas dans les galeries que se mènent les révolutions.
La pluspart des images de ce post sont issues de ce site qui en contient des centaines d’autres tout aussi magnifiques.
Oeuvre commune réalisée par deux artistes en mémoire du jeune martyr de 18 ans Belal Ali Saber tué par la police.
Ammar Abo Bakr a dessiné les portraits avec les ailes d’anges et El Zeft a dessiné l’officier de police capturant l’expression de stupeur qui l’a saisit lorsqu’il s’est aperçu de la mort de Belal.
—Collage et dessin d’El Zeft, Nefertiti avec un masque à gaz. Caractéristique des émeutes qui on mené à la révolution. Masque à gaz qui sera réutilisé dans la fresque hommage à Belal Ali Saber ci dessus.
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Sad Panda utilise des techniques mixtes comme les pochoirs et les collages. Ses oeuvres sont visibles dans la banlieue Masaken Sheraton au Caire.
Ici est représenté le visage d’un révolutionnaire indépendantiste et homme d’état Egyptien, Saad Zaghloul sur le corps du non moins célèbre et admiré footballeur Mohamed Abo Treka.
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Anonyme dans la rue El Shaab a coté de la place Tahrir, « la révolution ne sera pas twitée ! », clin d’oeil au célèbre, « the revolution will not be televised » de Gil Scot Heron
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Pochoir de Keizer, « Gouvernement, crains moi ! »
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« Ne m’impose pas d’étiquette ! » par Nooneswa.
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Pochoir, « Ne me touche pas ou la castration t’attends ! » par Hend Kheera
Les femmes ont été présentes à tous les moments de la révolution, contre le pouvoir, ou pour revendiquer leur présence et leur sécurité et leur volonté de ne pas être cataloguées par les medias.
Pochoir et calligraphie flamboyante d’El Teneen, « 27 mai ». Mélange significatif et original de technique occidentale du pochoir et de calligraphie arabe. Le pochoir permet de reproduire à l’infini et avec peu de moyen un message ou une idée politique.
Autre technique plus traditionelle, cette belle fresque murale, Femmes pharaoniques en ordre de bataille par Alaa Awad
Il existe un livre sur le graffiti egyptien pendant la révolution Wall of Freedom, disponible uniquement en anglais, pour celles et ceux qui veulent en savoir plus.
3 Réponses to “La rue nous apprend”