Quelques considérations sur le climat politique global et la météo des colères à travers le monde. Les événements qui se déroulent actuellement en Égypte, mais surtout les réactions médiatiques et politiques qu’ils suscitent, illustrent l’incapacité à saisir qu’un processus révolutionnaire est contradictoire, instable et qu’il peut être sujet à de brusques changements. L’opposition au pouvoir actuel des Frères Musulmans incarné par la présidence Morsi est considérée comme une seconde révolution : après le printemps, vient l’été. Le hic, c’est qu’il n’y a que quatre saisons et les deux suivantes ne donnent pas une perspective très optimiste du futur de la Révolution. Un processus révolutionnaire n’est pas un long fleuve tranquille qui aboutit à une société « meilleure ». Il est le plus souvent imprévisible et surtout le résultat de l’affrontement de forces politiques, sociales et militaires organisées.
Il convient de rappeler à nos chers commentateurs français que la glorieuse Révolution française a débuté en tant que telle en 1789. Qu’elle a décapité la monarchie dans l’idée et dans les corps quelques années plus tard, et que de cette Révolution est sorti un régime impérial (Napoléon) puis une restauration monarchique en 1815. Les effets de la Révolution ne se sont pas faits sentir tout de suite, et rien n’a coulé de source.
Second petit rappel: les millions d’opposants qui manifestent contre la présidence Morsi remettent en cause le processus électoral. Il est assez étrange que les commentateurs et faiseurs d’opinions fassent l’apologie de la rue comme champ politique légitime face à aux urnes: on les aimerait aussi compréhensifs au Brésil, en Grèce et ailleurs quand le peuple remet en cause le fonctionnement économique et politique de la société.
Un processus révolutionnaire est l’ouverture d’un champ de possibles: le futur de la société qui se transforme est le résultat d’un affrontement politique, social et militaire. Ces tensions et contradictions peuvent générer une réaction, une restauration, une libération. En somme, c’est un chaos créateur d’opportunités.
Les événements qui se déroulent en Égypte ramènent aux fondamentaux de la politique: seules les forces politiques organisées ayant une assise territoriale et sociale ont une chance de peser sur les turbulences révolutionnaires. Ce constat est valable quelle que soit l’orientation politique de ces forces.
Autre observation: l’avancée des libertés individuelles ou le progrès de questions sociétales (liberté d’expression, liberté de cultes, etc.) qui sont le facteur déclencheur de la révolte ne peuvent suffire si ils ne sont pas articulés rapidement avec les questions sociales et économiques. Il serait temps de multiplier et d’étendre les belles saisons politiques: un seul printemps et un seul été c’est un peu court.
Pourquoi pas un peu de soleil sur nos quartiers et dans nos vies?
4 Réponses to “Après le printemps, vient l’été.”