La grande leçon du moment, ce sont les militant.e.s kurdes et la résistance kurde qui la donnent par l’exemple.
Ces personnes dont on ne parle pas ou peu et dont on ne cite jamais la véritable identité politique.
La résistance militaire à Kobanê face aux troupes de Daesh est présentée comme exemplaire. Pourtant celles et ceux qui la mènent ne sont jamais véritablement mentionné.e.s. On les présente comme des féministes ou des laïques qui luttent héroïquement.
En revanche, on entend plus souvent parler des Kurdes irakiens, « les Peshmergas » dont on parle beaucoup parce qu’ils sont les alliés des Américains.
Mais le fer de lance de la lutte sur le terrain n’est jamais nommé. Pourtant, on loue son courage et les valeurs qu’il porte.
Les médias dominants ne nomment que rarement les organisations qui combattent. En fin d’article, ou dans un entrefilet, il est parfois fait mention des PYD, tandis que le PKK est absent des textes de la quasi-totalité des spécialistes. Pourtant ce sont ces structures qui organisent la lutte sur le terrain. Elles revendiquent l’égalité d’accès aux droits économiques et sociaux, un projet politique socialiste au sens marxiste du terme. Ces organisations sont opposées au capitalisme et à l’impérialisme.
Si des femmes sont des combattantes sur le terrain, ce n’est pas de la communication, c’est parce que l’égalité est une réalité concrète pour ces organisations et un objectif à atteindre.
Leur objectif et les réels enjeux ne sont que rarement évoqués par les spécialistes institutionnels. Parce qu’ils dérangent. Il est très difficile de citer en exemple ce qui est la négation du système économique en place.
Quant aux « experts » de la dissidence, leur grille de lecture leur interdit de mentionner qui se bat et tient en échec tant Daesh que le gouvernement turque et plonge dans l’embarras les puissances occidentales.
Si Kobanê résiste à nombre et armement inférieurs, c’est parce que le projet politique dont la résistance kurde locale est porteuse est quelque chose qui galvanise les populations. C’est une cause juste, pas seulement une aspiration à profiter comme les autres. Il y a là une volonté politique animée par des convictions profondes.
Ce projet politique ne peut que rencontrer le soutien des personnes se battant pour la justice économique et sociale où que ce soit dans le monde.
Le soutien devrait être massif. Samedi 1er novembre 2014, des manifestations ont eu lieu un peu partout en France et ailleurs pour manifester une solidarité à la Résistance de Kobanê.
On sous-estime le nombre de manifestants dans la presse, c’est classique. En revanche il était facile de constater qu’il n’y avait que trop peu de militants d’organisations françaises porteuses d’un projet similaire à celui mené par les forces politiques qui organisent la résistance de Kobanê.
Cet état de fait révèle une chose : la plupart des militants n’y croient plus. Il y a des positions de principe, mais les personnes déterminées se font rares.
Elle contraste avec l’enthousiasme et la détermination des militants kurdes qui encadrent et participent aux manifestations. La résistance kurde se bat pour un monde meilleur, ici on tente de sauver les meubles en regardant ses pompes.
Question d’époque. Il y a quelques dizaine d’années une quantité importante de militant.e.s seraient parti.e.s pour se mettre au service d’une cause juste.
Aujourd’hui on reste au troquet, ou sur le Net, à discuter géopolitique au lieu de partir pour Barcelone.
Si on veut sortir de la torpeur, il faut regarder ce qui se fait de bien ailleurs et s’en inspirer. Dans nos quartiers c’est dur, mais ce n’est pas pire qu’au bled. Les militants kurdes luttent face aux puissances occidentales et leurs anciens et nouveaux partenaires sur place, ils font face à une répression dure sans jamais faiblir ni envisager d’abandonner le combat. Les gauches européennes ont l’habitude de se revendiquer à l’avant-garde des luttes, regardant de haut le reste du monde. Elles se cantonnent dans une posture morale et non plus politique. Les choses changent, si on veut regarder ce qui fonctionne et se donner du courage il faut regarder ailleurs. Partout dans le monde les gens résistent et luttent, sous de multiples formes. C’est le cas au Chiapas, au Maghreb et en Orient, en Palestine, au Burkina Faso.
Partout des gens se lèvent et se battent pour renverser le cours injuste des choses.
S’ils y arrivent, alors on peut y arriver. C’est ce que les Kurdes nous expliquent dans les cortèges des manifestations. Ce n’est pas leur seule lutte, c’est la lutte des justes.
On peut aussi gagner le paradis en contribuant à une vie meilleure pour tout le monde ici-bas.
Quitte à vivre dans l’adversité, autant combattre l’injustice.
Quitte à se battre, autant chercher la victoire.
Croire en ce que l’on fait, ça change tout.
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