« On peut tuer un homme mais pas ses idées » Le peuple du Burkina se rappelle à Thomas Sankara en ce jeudi 30 octobre 2014

31 Oct

Le peuple du Burkina Faso – « pays des Hommes Intègres » – s’est soulevé contre  un « coup d’Etat constitutionnel » que le Président Blaise Compaoré souhaitait faire passer par voie parlementaire aujourd’hui, alors que celui-ci est au pouvoir depuis 27 ans.
Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir en 1987 après un putsch militaire contre Thomas Sankara, héros du panafricanisme.
En 2000, l’article 37 de la Constitution est amendé : le septennat devient quinquennat, renouvelable une fois. Mais le Conseil constitutionnel autorise la candidature de Blaise Compaoré en 2005, au nom de la non-rétroactivité d’une révision de la Loi fondamentale.
Pour le régime en place dans ce pays sahélien très pauvre, c’est la crise la plus grave depuis l’immense vague de mutineries et révoltes populaires de 2011, qui avait fait déjà fait trembler le pouvoir de M. Compaoré.
La capitale Ouagadougou a sombré dans le chaos, le Parlement est incendié, la télévision nationale prise d’assaut, des manifestations monstre se déroulent dans tout le pays, certains militaires se sont joints aux manifestants. Les violences ont fait au moins un mort. Le gouvernement a annoncé avoir « annulé le vote de la loi », prévu dans la matinée. Le projet de loi qui a mis le feu aux poudres vise à porter de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.

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Le président Compaoré devait achever
 l’an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux
 quinquennats (2005-2015). Le pays conteste le pouvoir oligarchique de Blaise Compaoré. Celui-ci est un allié des gouvernements français successifs qui l’ont tous soutenu depuis 27 ans, de François Mitterrand à François Hollande. Il faudra un jour se pencher sur le rôle de François Mitterrand dans la mort de Thomas Sankara, car cela mérite des recherches poussées afin de déterminer les responsabilités de l’État français. Depuis son arrivée au pouvoir, Blaise Compaoré est un acteur majeur de la diplomatie internationale en Afrique.

Sur le Continent africain, Blaise Compaoré est sur tous les fronts. Il a la réputation d’être le « médiateur » du Sahel, se prévalant ainsi d’une place indispensable dans l’échiquier régional qui est fortement contesté et trouble.
Avec cette révolte populaire, qu’on aimerait voir aboutir en une deuxième révolution pour le Burkina et tous les peuples de l’Afrique, on peut espérer voir le début d’un « automne africain ».
Ce qui est sûr, c’est que la souveraineté du peuple arrive à s’exprimer même dans des dictatures bien ancrées et soutenues par les puissances Occidentales.

Rien ne saurait museler la volonté des peuples : le Burkina Faso est aujourd’hui regardé dans toute l’Afrique Subsaharienne, où des chefs d’États africains sont au pouvoir depuis plus de 35 ans (comme Obiang).

Le continent africain est aujourd’hui le continent du futur, de la jeunesse : la croissance y est exponentielle. Tous les acteurs économiques et les multinationales se pressent pour s’assurer une place sur le dos des peuples du continent. Les pouvoirs africains s’enrichissent toujours plus et les populations ne goûtent guère à cette croissance économique.

Le partage des bénéfices de l’exploitation des mains d’œuvres et matières premières se fait entre les élites locales corrompues et les multinationales occidentales mais aussi entre celles des puissances émergentes Chine-Inde-Brésil. Ces entreprises sont soutenues et souvent mises en place grâce aux gouvernements de leurs pays (comme Bolloré qui a obtenu une attribution de marchés à la suite des interventions militaires françaises). L’interventionnisme militaire français dans la sous-région (Libye, Côte-D’Ivoire, Centrafrique et Mali) ne saurait être considéré que sous le prisme humanitaire, loin s’en faut.

La vigilance face à ces menaces impérialistes doit être accrue et les peuples d’Afrique doivent en prendre conscience pour recouvrer leur souveraineté et leur dignité.  Car, comme le rappelait Thomas Sankara dont on a commémoré le 15 octobre dernier les 27 ans de son assassinat, « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ».

B. Sylla

sankara quartiers libres

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  1. Croire en ce qu’on fait, ça change tout | quartierslibres - 10 novembre 2014

    […] sous de multiples formes. C’est le cas au Chiapas, au Maghreb et en Orient, en Palestine, au Burkina Faso. Partout des gens se lèvent et se battent pour renverser le cours injuste des choses. S’ils y […]

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