Chaque été, les quartiers populaires connaissent des moments difficiles. À l’été 2012, c’est à Amiens que la colère a explosé.
Les raisons sont toujours les mêmes: chômage, discriminations, fins de mois qui durent trente jours, problèmes de logement… Ces problèmes sont concentrés dans des quartiers enclavés, en voie de dégradation, sans services publics, sauf le seul qui livre à domicile : la Police Nationale.
Pour tromper l’ennui et la routine d’une journée de travail, le zèle est là, en particulier lors de contrôles d’identité. Lorsque, pour une raison ou une autre, l’attitude des jeunes contrôlés n’est pas le profil bas et la soumission, ça part en vrille.
C’est lors d’un contrôle qui eut lieu peu après à une marche pour honorer la disparition d’un jeune du quartier que la situation a dégénéré, les 13 et 14 août 2012 à Amiens.
Circonstance aggravante, c’était alors le mois de Ramadan. Il faut prendre cette donnée en considération : les actes et crimes racistes, islamophobes et sécuritaires sont plus nombreux durant le mois de Ramadan. Montrer de la joie ou affirmer une différence en présence de gens hostiles peut mener au drame.
Le port de l’uniforme ne vaccine pas contre les préjugés, en revanche il protège des sanctions et des critiques. Les condamnations des fonctionnaires de police demeurent très rares, les critiques de leurs méthodes et comportements de la part des médias et des responsables politiques le sont encore plus. L’an dernier, on a encore pu constater s’en rendre compte à Trappes.
Les personnes qui subissent l’injustice et qui réagissent sont sanctionnées durement. Les personnes qui sont perçues par les autorités comme des meneuses ou meneurs potentiels en raison de leur influence sur le quartier peuvent être criminalisées sans preuve. On l’a vu avec l’affaire de Villiers le Bel et le témoignage anonyme. Pour les « meneurs » d’Amiens, âgés aujourd’hui entre 16 et 19 ans, les condamnations vont d’un an à cinq ans de prison.
Après 5 années de pouvoir Sarkozyste, beaucoup espéraient un aménagement de peine à défaut d’un changement de société. Mais alors que Valls le libéral est désormais aux commandes du gouvernement, un seul verdict : le racisme monte et les sanctions tombent.
Un quinquennat de prison.
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