Quoi ? Soral a roulé pour Fodé Sylla ?

16 Oct

Pour se construire une légitimité sur son engagement en politique, et particulièrement « à gauche », Soral est prêt à tout.
Quitte à s’inventer une vie au PCF.
Se dire ancien du « Parti » c’est jouer avec l’imaginaire des classes populaires, parce que ce parti a représenté une force dans l’organisation des classes populaires et que la manière dont il a administré les quartiers – même si le bilan peut, et doit, être critiqué – ne peut être mise sur le même plan que la gestion socialiste ou celle des forces politiques de droite. Les militants de quartiers s’en rappellent.
Suite à la sortie d’un livre qui met en avant ses mensonges, Soral répond par la publication de cartes d’adhésion au PCF entre 1995-2000.

cartes_PCF_soral
C’est peu dire que ceci ne prouve rien, car la seule chose qui aurait pu authentifier ces cartes aurait été la mention du nom du secrétaire de la cellule et/ou de la section, qui ont, c’est ballot, été floutés par Soral et ses boys d’Internet.
Une irrépressible nécessité de protéger son identité et son parcours ?
La rigueur historique dans la documentation n’est pas le propre de l’extrême droite et encore moins de son avatar dissident. Elle sait nier les faits et s’accoutumer de mensonges (grossiers).

Passons… et admettons que Soral ait bien été au PCF entre 1995 et 2000.
Tout d’abord, pour les personnes sensibles à la chronologie historique (celles qui ne sont pas converties au récentisme par exemple), 1995 se situe après les années durant lesquelles il a toujours affirmé avoir été militant au PCF. Son fait d’arme serait d’avoir eu sa carte en 1993 lorsque le texte de Jean Paul Cruse « Vers un front national », dont Soral revendique la paternité, a été publié. Comme d’habitude avec les personnalités d’extrême droite, les faits, les dates… tout cela ne compte pas et ne sont que des manipulations grossières du système : le calendrier sur lequel se base la France commence à la date de la mort de Jésus Christ qui était juif, c’est donc la preuve que « la chronologie est une manipulation des sionistes, hein, et ça faut l’savoir ».

Page wikipedia rédigée en grande partie par les fans de Soral suivant les déclarations publiques de leur idole. Capture d'écran datant du 13 octobre 2015

Page wikipedia rédigée en grande partie par les fans de Soral suivant les déclarations publiques de leur idole. Capture d’écran datant du 13 octobre 2015

Si l’on passe outre les moitiés de preuve qui ne cadrent pas avec la chronologie rabachée depuis 20 ans par Soral, il n’en reste pas moins que, si l’on en croit ces cartes publiées sur internet, Soral a milité durant les pires années du PCF en France : celles de la gauche plurielle. A savoir, l’alliance des Verts, du PS et du PCF qui a aboutit au naufrage de la gauche parlementaire le 21 avril 2002. Une fois de plus le merveilleux slogan publicitaire « Soral avait raison » prend tout son sens ! Il avait misé sur le bon bourrin, le bougre !

Pour les personnes qui connaissent le PCF, et il y en a beaucoup plus dans nos quartiers que de gens qui se sont convertis au FN, c’est une période où les derniers militants de terrains ont prit le large avec l’organisation, certains quittant le « Parti », d’autres se mettant en retrait.
Ce sont les années de la prise de pouvoir de l’ANECR, les élus communistes, un moment caractérisé par l’arrivée à la tête du PCF de Robert Hue. Comme caution et vision révolutionnaire, on peut facilement faire mieux qu’adhérer à cette époque au PCF.
1999, c’est la campagne « Bouge l’Europe », avec Robert Hue et Fodé Sylla. En tant que militant du PCF, Alain Soral a donc contribué à mener la campagne du dirigeant de SOS racisme.

Fodé Sylla candidat PCF 1999

Dans ces années là, le PCF c’est guignol. Si Soral y est, ce n’est pas par hasard :
le « Parti » est en pleine décomposition…

Depuis la moitié des années 1990, la plupart des cellules communistes ne se réunissent plus, à l’exception des phases préparatoires des Congrès nationaux. Tout est mort dans le PCF à cette période. La majorité des sections ne maintiennent même plus les « l’Assemblées Populaires de remise des cartes ». Des textes de Congrès actent même de la volonté de mise à mort de ce rite politique : l’acte symbolique d’allégeance au « Parti » disparaît. Nombreuses sont alors les sections qui envoient les cartes par la poste : la section attend les refus par retour de courrier et considère que les autres sont toujours adhérents.

Si Soral a été au PCF, il a dû recevoir sa carte par la poste.
C’est l’époque ou les publicitaires professionnels, comme Mouna Abkari, attachée de presse de Robert Hue, et l’écrivain mondain Frédéric Beigbeder (le gars des nuits parisiennes, le rédac’ chef de Lui, fièrement autoproclamé antiféministe branché, et frère de Charles), conseillent la direction du PCF. Finalement, au regard du pedigree de ces communicants, l’appartenance au PCF à cette époque de Soral devient plausible.
On peut noter toutefois que Beigbeder tenait un rôle de premier plan alors que Soral était simple adhérent. Quand Beigbeder concevait les affiches et les tracts, Soral était censé les coller et les distribuer. C’était avant Internet et le militantisme virtuel, il fallait avoir un peu de consistance pour être pris en considération, même lorsqu’il s’agissait de vendre du vent.

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A cette époque, s’il est dépolitisé, l’engagement communiste dans les quartiers se fait pragmatique : c’est le moment de la disparition du discours du changement social au plan local. Le « Parti » n’est plus qu’un réceptacle pour la prise en compte des problèmes quotidiens qui d’un coup sont déconnectés d’une visée de transformation sociale. Il faut juste temporiser les choses au cas par cas.
Dans beaucoup de quartiers le PCF devient alors une association d’organisation de soirées. C’est particulièrement vrai pour son organisation de jeunesse, la « JC ». Les hebdomadaires fédéraux sont remplis d’annonces de tombolas, tournois de belotes, rifles, lotos…
Pire, c’est l’époque où la détérioration du sentiment de corps associée à la rétraction du nombre de postes et de fonctions politiques, suscite un accroissement de la compétition interne entre cadres du PCF, qui explose désormais publiquement lors de conflits économiques opposant les employés du parti (secrétaire, journaliste, comptable, imprimeur) aux directions fédérales.
Ces rivalités autour des rétributions matérielles se terminent parfois par des procédures devant les prud’hommes quand ce n’est pas carrément par des fuites avec la caisse.
Si Soral a bien été au PCF à cette époque c’est sans doute là qu’il a appris à piocher dans la caisse et à vivre au dépend d’une organisation politique.
Sinon, c’est la preuve que sa présence est un bon indicateur de maladie grave.
Lui et sa dissidence sont des moisissures de la pensée.

4 Réponses to “Quoi ? Soral a roulé pour Fodé Sylla ?”

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    […] Qu’importe que la rencontre entre le journaliste et le gourou de la dissidence se soit déroulée plusieurs semaines après le tournage des heures de déambulation kipa sur la tête du journaliste. Alain Soral s’en attribue la paternité. Ce péché d’orgueil n’est pas nouveau. Et il est d’autant plus risible qu’une fois encore, les dates et les faits viennent détruire toute son argumentation et sa posture. […]

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