Non, les policiers n’ont pas une totale impunité

19 Jan

Depuis le verdict du procès du vendredi 16 janvier 2016 qui a acquitté le policier Damien Saboundjian, certaines personnes mal intentionnées pourraient croire que quand on est policier on peut agir en totale impunité.
Ce policier reconnu coupable de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner » a été acquitté parce qu’il a été reconnu qu’il a agi en légitime défense, bien qu’il ait tiré dans le dos d’Amine Bentounsi et menti sur ses déclarations. Cette décision de justice va faire croire aux esprits crédules voire paranoïaques que les policiers peuvent faire ce que bon leur semble.

Manifestation du 5 avril 2014 à Paris. Sur le t-shirt : Amine Bentounsi, tué par un policier le 21 avril 2012. Credit photo : Sophie Garcia

Manifestation du 5 avril 2014 à Paris. Sur le t-shirt : Amine Bentounsi, tué par un policier le 21 avril 2012. Credit photo : Sophie Garcia

Ces personnes mal intentionnées vont additionner des faits qui n’ont rien à voir entre eux pour produire des théories fumeuses. Ces gens vont expliquer que des séquelles de la guerre d’Algérie, des ratonnades des années 70 jusqu’aux crimes racistes et sécuritaires il y aurait une « logique systémique ».
Quel rapport en entre les disparitions de Zyed Benna et Bouna Traore, Makomé M’Bowolé, Abdel Benyhia et Malik Oussekine, Thomas Claudio, Youssef Khaïf, Xavier Dem, Mohamed Berrichi, Abdelhakim Ajimi et tant d’autres ?
Ils ne se connaissaient pas tous, on ne leur reprochait pas les mêmes faits. Alors pourquoi clamer que la police agit en toute impunité lorsqu’elle se défend ?
Pourquoi prétendre que les médias soutiennent la police sans broncher ?
Il faut être un clown imprégné d’idéologie gauchiste pour croire et affirmer de telles choses.

Les choses ont heureusement évolué dans le bon sens et les clowns actuels font des quenelles avec les policiers. Le monde va mieux. Il est plus juste, non ? Au moins les braves gens se sentent en sécurité. Et puis, il est faux de dire que la Police a les coudées franches.
Pour preuve, certains policiers peuvent être mis à l’index quand ils dépassent les bornes. Leur parole peut être mise en doute par les médias, leur version des faits ignorée par la justice.

C’est le cas de Nathalie le Roy. C’est une commandante de police. Elle s’occupe de choses moins importantes que les missions de reconquête des territoires perdus de la République de ses collègues de la BAC, mais tout de même c’est une gradée. Elle bosse à la Brigade Financière, c’est-à-dire qu’elle fait de la comptabilité et cherche des poux dans la tête aux grandes entreprises et aux banques qui donnent si gentiment du travail et de quoi consommer aux français.
N’en déplaise aux complotistes qui parlent d’impunité policière : cette dame n’est pas bien vue de sa hiérarchie, alors qui ose encore parler de solidarité entre policiers ? Sa version des faits est contestée par la Justice et il y en a encore pour évoquer une collusion entre les deux institutions ?

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Nathalie Le Roy se fait mettre au pas pour des faits moins importants que ceux reprochés à ses collègues : une banale histoire d’employé de banque qui perd la tête. Tout ça après une carrière remarquable.
C’est bien la preuve que la Police, c’est du sérieux.
Il faut vraiment être un grand malade pour expliquer que la Justice, la Police, la classe politique et médiatique ont voulu préserver des intérêts communs en tentant de charger un certain Jérôme Kerviel et protéger une belle institution à caractère quasi philanthropique et humanitaire comme la Société Générale.
Il n’y a que des forcenés pour expliquer que la police et la justice sont des corps constitués destinés à protéger les intérêts des classes possédantes et que la vie d’une personne compte moins qu’une grosse somme d’argent.
Combien valait la vie de Youssef ? Telle était la question posée par les militants du MIB il y a 20 ans. On y revient toujours et encore.
Combien vaut une vie ?
Combien de vies détruites par des spéculations ?
Combien de révoltes réprimées et de personnes tuées par les forces de l’ordre ?
Qui sont les personnes acquittées par les tribunaux ?
Qui est sanctionné, systématiquement ?
Société Générale, patrons voyous, classe politique corrompue avec les avocats et le traitement médiatique qui vont bien quand on est du bon côté.
Familles en dessous du seuil de pauvreté, expulsées de leurs logements, syndicalistes condamnés, crimes racistes et sécuritaires qui passent crème pour nous.
De quel côté penche la balance de la justice et de la police ?

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En mettant l’ironie de côté, on sait que la vie de Youssef et de toutes celles et ceux des nôtres qui sont partis suite à des injustices de traitement flagrantes valentt moins que la dissimulation des sommes perdues par les opérations boursières de la Société Générale lors de l’affaire Kerviel.
Cela se mesure aisément à l’aune du crédit accordé à la parole du policier impliqué dans l’enquête ou l’affaire.
Quand c’est contre un des nôtres, la parole policière est d’or. Quand c’est face à une puissance économique, cette parole ne vaut plus rien.
Les gens qui pensent que la police est en capacité de changer le système devraient réfléchir devant ces faits.
La police de notre société est structurée pour contingenter et punir des pauvres, avec d’autant plus d’acharnement qu’ils sont issus de l’immigration.

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Le vote FN des policiers est un indicateur du fait que ce corps de métier prend très au sérieux cette mission de lutte contre l’insécurité que sont censées incarner les classes populaires. En revanche, peu d’engouement à passer les gourmettes à des hommes d’affaires bien français dont la course au profit met des millions de gens sur la paille.
Le rôle de la police est de protéger l’ordre établi, c’est-à-dire mettre à l’abri les classes dominantes et l’argent. De l’affaire Kerviel au barrage de Sivens en passant par toutes les vies volées et tous les morts pour rien de nos quartiers on ne peut que le constater.
Quand la parole d’un officier de police est mise en doute ou ignorée, c’est qu’il outrepasse ses prérogatives. Rien ne doit être fait contre le pouvoir économique en place, il ne faut pas confondre Justice et Légalité.
Les policiers n’agissent pas en toute impunité dans n’importe quelles circonstances. Ils ont une très grande liberté de manœuvre mais seulement avec une certaine catégorie de la population, celle dont on explique qu’elle ruine la France. Ils s’accommodent généralement très bien de ce rôle.

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