« Quand sonne le fusil à pompe, tout le monde se couche » et les grandes gueules y vont toujours de leur commentaire méprisant sur les victimes.
La mort de Rémi comme celle des autres victimes de la répression de l’État ne fait pas exception à la règle.
Les stars du bavardage y vont tous de leur commentaire méprisant sur l’apparence de Rémi sur ses engagements bucoliques et son tempérament. Aujourd’hui, pour Rémi les insultes et le mépris habituels sont condensés en quelques sentences : « punk a chien » « gauchiste » « drogué ».
Rémi Fraisse n’appartient pas à notre univers des Quartiers Populaires, mais sa mort ne peut nous laisser dans l’indifférence.
Car les Quartiers ont servi de laboratoire aux forces de l’ordre sur la manière d’opérer. L’Etat y a testé la capacité de tolérance de « l’opinion publique » lorsqu’une personne meurt parce qu’elle a croisé la route des garants de l’ordre public.
L’opinion publique n’existe pas ex-nihilo, elle est façonnée par les médias et les opinionistes de droite plus ou moins dure.
Hier c’était « délinquant », « islamo racaille », « allogène » pour Zyed ou Bouna ou plus récemment pour Wissam El Yamni. Aujourd’hui c’est Rémi.
A chaque fois la victime est méprisée par les tenants du soutien aux corps constitués que sont les policiers, l ‘armée et la justice.
«Quand sonne le fusil à pompe toute le monde se couche » et pourtant dans nos Quartiers ou dans les ZAD il y a toujours des Hommes et de Femmes qui se lèvent pour aller demander des comptes a ceux qui tirent. On sait toutes et tous le courage qu’il faut pour aller de l’avant et affronter l’injustice, surtout lorsqu’elle porte l’uniforme. Dans ces moments les braves sont rares. Rémi était de ceux-là.
Pourtant, il n’était pas venu à Sivens pour en découdre avec la gendarmerie mais pour participer à une lutte contre un projet pharaonique inutile. Mais face à la violence de la répression il s’est porté vers les zones de bagarres comme le font toujours ceux qui sont mus par un idéal de justice.
Contrairement à ce que dit le Conseiller Général responsable de la situation de tension, Rémi Fraisse n’est pas mort stupidement pour ses idées . Il vivait pour ses idées, par contre des gens l’ont tué pour défendre des intérêts, leurs intérêts.
C’est la violence entretenue par l’état et ses supplétifs de la gendarmerie qui a créé les conditions de la mort d’un jeune homme de 21 ans.
Tous ceux qui s’amusent ou méprisent cette mort n’arrivent pas à la cheville de Rémi.
Quand les coups de feu ont claqué, lui s’est levé.
Il s’est levé pour aller vers la zone d’affrontement pour demander des comptes à des gendarmes, chiens de garde sans conscience, prêt à tuer pour 2000 euros par mois afin de défendre le chantier d’un barrage inutile.
Qui est méprisable dans cette situation Rémi ou les bons soldats de la gendarmerie prêt à mutiler ou tuer pour défendre des intérêts économiques ?
Qui est méprisable, celui qui se lève contre une injustice ou celui qui accepte de vendre sa violence pour 2000 euro par mois?
Qui est méprisable les zadistes, les révolté.e.s d’un Quartier qui réclament vérité et justice ou ceux qui pour 2000 euros par mois pratiquent l’excès de zèle jusqu’à tuer et mutiler pour une République pourrie par les affaires de corruption ?
Qui est méprisable et violent : ceux qui manifestent en mémoire de Rémi ou ceux qui se gaussent de sa mort ?
Répondre à ces questions c’est choisir son camp.
Il n’y a aucune alliance possible avec ceux qui ont choisi de servir l’État dans ses corps les plus répressifs.
Ceux qui veulent nous faire croire le contraire confortablement assis sur des canapés en posant avec les T-shirts des assassins sont les complices de la violence d’État.
Ni oubli ni pardon.
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