Dieudonné n’a pas choisi par hasard le mot quenelle.
Sans juger de la « pertinence » du geste, il aurait pu choisir le boudin antillais, lui qui se dit opposé aux békés. Il avait aussi l’option anti-coloniale et, plus brutale, d’y aller à la racine de manioc en référence à ses origines camerounaises.
Son option est allée vers la quenelle, un produit « blanc », de consistance molle et à connotation franchouillarde. Ce choix n’est pas fortuit.
La quenelle est souvent aromatisée, celle de Dieudonné à un goût de canard.
La quenelle peut se faire avec Jean Marie Le Pen chantre de l’inégalité raciale. Lorsque Dieudonné et son comparse Ahmed Moualek ont été le rencontrer, Le Pen a évoqué l’inégalité des « races »: les noirs courent plus vite et les blancs nagent mieux. Question de race d’après Le Pen. Face à ces propos: Moualek et Dieudo acquiescent en bons canards.
Ce n’est pas la première fois que Dieudonné fait « coin-coin » devant un raciste. Lors d’une émission animée par Serge de Beketch, le comique amateur de produits du terroir avait validé l’inégalité des races. Pour Serge de Beketch certaines races sont aptes à certaines choses et pas à d’autres. On ne saura jamais à quoi !
Mais en vrai anti-raciste, tel qu’il aime se définir, Dieudonné aurait pu demander quelles sont les inaptitudes des noirs. En vrai anti-impérialiste il pouvait relever que les européens avaient une véritable aptitude pour exporter le capitalisme en colonisant la planète.
En vrai antisioniste, il pouvait demander des comptes à Serge de Beketch qui est allé défendre Israël lors de la guerre des 6 jours en 1967. Il n’a rien fait de tout cela, au contraire Dieudonné l’a remercié d’avoir été invité.
On peut revenir aussi sur sa collaboration avec Serge Ayoub, dit Batskin. Lors d’une vidéo récente, le nouvel allié de Dieudonné déclarait que les races chez les humains c’était comme chez les chiens : il y avait des lévriers et des caniches.
Cette vidéo a été effacée par les militants de Troisième Voie à la suite de la mort de Clément Meric parce que son contenu tombait sous le coup de la loi.
Quand Serge Ayoub leader d’un mouvement qui a toujours affirmé la supériorité de la race blanche serre la main de Dieudonné, salue-t-il un lévrier ou un caniche ?
Dieudonné, une fois de plus, fait le canard en oubliant les noirs et les femmes voilées attaqués par des skinheads.
L’objectif de Dieudonné, quand il nous sert sa gamelle de quenelle, est d’amener un maximum de gens des quartiers populaires à faire les canards. En leur faisant croire que jouer l’esquive ou faire profil bas aux côtés de racistes c’est être rebelle.
Lors du jugement pour son histoire de « shoah ananas ». La Ligue de Défense Juive, milice de l’extrême droite sioniste, vient jouer les agités au palais de Justice.
La réaction est immédiate côté des soutiens de Dieudonné : les militants nationalistes blancs entonnent la Marseillaise, reprise par les maghrébins et noirs venus soutenir l’humoriste.
Chanter la Marseillaise et crier « vive la France » dans un palais de justice c’est aussi révolutionnaire que d’acheter du pain dans une boulangerie.
Le tour de force, c’est de faire rentrer dans le rang des jeunes qui subissent le racisme d’État depuis le berceau. Leur faisant croire que chanter l’hymne français aux cotés de nationalistes, qui promeuvent le racisme dont ils sont victimes, est un acte anti-système. Chapeau l’artiste.
Mention spéciale : c’était le 17 octobre. On applaudit la subversion !
Oubliés le FLN et les luttes anticoloniales des parents : on fait la danse des canards sous la bannière tricolore.
Dans la réalité, les combattants ne sont pas ceux qui suivent ou écoutent Dieudonné.
On a d’un côté les antifascistes et les militants de quartiers régulièrement accusés par Dieudonné d’être sionistes qui soutiennent la résistance du peuple palestinien et font face à la LDJ ou autres nervis sionistes sur le terrain.
L’affrontement physique entre Antifascistes et sionistes filmé à l’aéroport d’Orly le 2 avril 2002 (retour de Palestine de José Bové et d’autres militants) n’a jamais eu son pareil du côté de la clique prétendument « antisioniste ». Ces derniers prennent régulièrement des postures victimaires après des embrouilles personnelles se déroulant le plus souvent sur Internet, leur unique terrain de « militance ».
De l’autre côté, on trouve Dieudonné et son camarade Alain Soral qui se vantent de faire des « quenelles » avec des policiers et des CRS. D’après les deux compères, les forces de l’ordre « font bien leur travail ».
Pour Soral et Dieudonné on ne touche pas à la Police française.
Là aussi, entre faire des quenelles avec des dépositaires de la force de l’État et lutter contre les violences policières, leur choix est fait.
Les familles Kébé, Saounera, et de nombreuses autres familles savent que la conduite des fonctionnaires de police n’est pas aussi exemplaire que ce que Dieudonné et Soral le prétendent.
A la suite des événements de Trappes cet été, ce ne sont pas des juifs qui ont été la cible de commentaires racistes de fonctionnaires de police mais bien les musulman.e.s et les habitant.e.s des quartiers populaires. Tout comme Alain Soral, ces policiers affichent leur soutien à Marine Le Pen.
Faire la quenelle avec des policiers ou des militants d’extrême droite dans ce contexte, quand on prétend prendre fait et cause pour la communauté musulmane ou tendre la main aux immigrés, c’est faire le canard ou bien mentir sciemment.
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