La « dissidence », entendez « les-droitards-qui-s’agitent-sur-internet », est un vrai bizness. C’est d’ailleurs ce qui le différencie du vrai militantisme, qui lui, est au service d’une cause et pas d’un enrichissement personnel.
La maison d’édition d’Alain Soral, sortie de nulle part, est devenue une boite dont le chiffre d’affaires est de 640 000 euros. Pas mal, pour un petit commerçant. La vente d’écrits libres de droits est une bonne combine. Le marketing soigné est sans doute l’œuvre de l’entreprise de Frédéric Chatillon.
Soral a investi dans d’autres « affaires », comme Instinct de survie, spécialisée dans le survivalisme dont le directeur commercial, si l’on peut dire, est Piero Falotti, qui intervient sous le pseudo d’artiste de Piero San Giorgio.
Outre le fait d’être cadre dans une grosse boite de management américaine et de faire du fric sur le traitement de données concernant les marchés du Moyen Orient, de l’Europe de l’Est et de l’Afrique il est donc l’associé d’affaires d’Alain Soral.
Le même Alain Soral qui prétend combattre les multinationales au nom d’un antisémitisme qui prétend être antisioniste. Circonstance aggravante, Piero San Giorgio fait du commerce avec Israël, pays dont il admire le peuple.
A côté de l’engagement des militants de la campagne BDS, c’est la grande classe. La dissidence française ne souffre pas le SMIC ou le RSA et les combats qui ne rapportent pas.
Récemment, Piero San Giorgio s’est rendu aux Etats-Unis pour vendre ses conseils – Comment faire pousser des légumes et investir dans l’or – à des suprémacistes blancs.
Nul doute que ces suprémacistes blancs apprécieraient un stage de survie et de réconciliation sur un site gaulois, avec pour formateur le musulman patriote Abdelali Baghezza (Albert Ali de son nom de scène) qui travaille pour Soral et San Giorgio.
L’un des consultants, et certainement associé de l’entreprise militante à but lucratif Instinct de survie, est Frédéric Delavier, spécialiste des méthodes de musculation, qui donne des entretiens promotionnels relayés par le site d’égalité et réconciliation. Un détail attire l’œil : le t-shirt d’une marque de fringues néo-nazie hongroise.
Hasard ? Coïncidence ? On ne peut juger l’oiseau sur le plumage, il faut l’entendre chanter, écoutons-le donc :
Le voici qui nous parle du Hijab. Selon lui, le Maghreb est une région pauvre et c’est pour cela que les femmes y sont recluses. Seuls les mâles jeunes et agressifs ou vieux et riches peuvent se reproduire, car ils peuvent assumer une descendance dans une région ou une femme seule ne peut assumer un enfant et dans laquelle il n’y aurait pas de prise en charge collective des enfants.
Et dans la série « Tonton Delavier t’explique la vie, petit », en réponse à un certain Samir, et à d’autres jeunes d’origine maghrébine qui l’ont contacté pour savoir pourquoi les maghrébins sont agressifs, Monsieur-qui-connaît-la-musculation glisse sa disquette raciste : c’est la terre qui formate les hommes et les maghrébins et les musulmans sont formatés par la terre semi-désertique à laquelle ils appartiennent. Ce qui les oblige à voiler et à enfermer les femmes pour la survie de l’espèce et génère une frustration sexuelle qui les rend agressifs.
Ça c’est de la théorie, il fallait y penser, et oser le dire.
Pourtant, d’un point de vu purement historique, si le Maghreb a été colonisé, c’est parce qu’il était riche : Carthage était considéré comme le grenier à blé de l’Afrique sous l’empire Romain.
Mais l’Europe, riche et pleine d’abondance dans la fantasmatique raciste de Delavier, était en fait sous-développée, à l’époque de l’apogée de la civilisation égyptienne. Réduire le Maghreb à un désert est un sacré raccourci. C’est aussi court que d’assimiler l’Islam à une religion du désert.
En conclure que si on a les nerfs en cité HLM c’est sans doute à cause du soleil méditerranéen, c’est encore plus court.
La géographie imaginaire de Delavier est en corrélation avec son t-shirt hongrois.
Sous couvert scientifique (il a quelques notions de biologie), Delavier enchaine les bêtises comme celles sur les calories abondantes d’une nourriture riche qui permettraient une vie sexuelle débridée ! Selon lui, si le Brésil ou la Thaïlande sont des destinations de choix pour le tourisme sexuel c’est en raison de la nourriture abondante qui permet de se reproduire comme des lapins sans danger pour la survie de la progéniture.
Les mœurs sont donc torrides et attirent des allemands frustrés sexuellement parce que leurs femmes sont féministes.
L’Europe y est décrite comme un havre de paix et de bonheur pour les femmes, spécialement en Allemagne où la pureté raciale fait passer les mariages d’amour avant ceux d’intérêts. Du lourd !
La civilisation européenne et la « race » blanche sont ce qui se fait de mieux en matière d’amour.
Il n’y a pas eu de guerre en Europe, les femmes y ont toujours vécues toutes nues. On croirait une lecture de Comprendre l’empire, de Soral tellement c’est puissant… et sans aucune source pour étayer le propos, un peu comme les prétentions écritoriales d’Eric Zemmour, également…
De bons gros raccourcis dignes du best of des perles du baccalauréat.
Dans une autre vidéo, Delavier se fait ethno-socio-psycho-sexologue et (dans la même ligne que son partenaire d’affaires Soral) explique que les femmes crient d’instinct durant l’acte sexuel, pour attirer les autres mâles et être certaines d’être fécondées comme à l’époque des cavernes. C’est bien connu, à l’âge de pierre, on pratiquait le gang-bang à visée reproductrice !
De là à sous-entendre que le viol collectif est une volonté féminine inconsciente de retour à des pratiques supposées ancestrales et que les femmes n’ont que ce qu’elles méritent parce qu’elles ont ça dans le sang : beau comme Misères du désir de Soral !
On pourrait presque en rire, si les Soral, Delavier, San Giorgio, Albert Ali, LLP et autres Mathias Cardet, ne faisaient du fric sur le dos de certain.e.s d’entre nous parmi les plus crédules ou ayant besoin d’être rassuré.e.s par la caution pseudo-scientifique d’un savant toubab.
Pour Delavier, professionnel de la musculation, tout n’est qu’une question de dépense énergétique. La colonisation n’est sans doute qu’un apport calorique d’européens riches et chaleureux à des populations frustrées sexuellement parce qu’anémiques.
Si l’argent n’a pas d’odeur, il faut tout de même prêter attention à qui on le donne. Certaines personnes puent le racisme et le sexisme.
34 Réponses to “Dis nous avec qui tu fais du fric sur notre dos, et on te dira qui tu es”