Interview avec Farida Amrani et Ulysse Rabaté
(candidats France Insoumise – 1ère circonscription de l’Essonne)
Bonjour Farida et Ulysse, vous êtes candidat.e.s aux élections législatives face à Manuel Valls sur la 1ère circonscription de l’Essonne, pouvez-vous nous en dire plus sur vous, votre parcours ?
F.A : J’habite la ville d’Evry depuis 1997 dans le quartier des Aunettes, j’ai 40 ans maman de 3 filles je travaille dans une collectivité territoriale dans l’Essonne où je suis également responsable syndicale. En tant que maman et afin de suivre la scolarité de mes filles je me suis engagé en qualité de parents d’élèves. Cet engagement s’est amplifié en 2013 lors de la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires sur la ville d’Évry qui devais être le laboratoire expérimental du gouvernement Hollande ; en effet les parents d’élèves conjointement avec les instituteurs sont rentrés en résistance en dénonçant le manque de concertation et de cohérence du projet de la mairie.
Lors d’une réunion de parents d’élèves, le maire qui venait de remplacer Manuel Valls a refusé de nous écouter, avec un mépris dont il a le secret il nous a juste répliqué que si nous n’étions pas d’accord avec sa décision il nous proposait de monter notre propre liste a la prochaine élection municipale.
De ce fait nous avons pris l’initiative de nous organiser et de déposer une liste Front de Gauche en 2014 dont j’avais la responsabilité de la tête de liste. Nous avons obligé Francis Chouat à aller à un second tour puisque nous nous sommes maintenus et obtenu 20% soit 4 élus d’oppositions.
Ce fut le début de mon engagement politique.
U.R : Né à Paris en 1987, je suis militant politique et associatif depuis mes 18 ans. Je fais partie de la « génération CPE » qui s’est politisée dans les grandes manifestations de 2006, mais aussi dans l’action associative. Avec des militants et des parents d’élèves, j’ai lancé le Collectif Logement Paris 14, devenu aujourd’hui une association référente dans le sud de la capitale. La vie m’a mené à Corbeil-Essonnes (91) en 2010, où je me suis engagé dans le combat politique et judiciaire contre le « Système Dassault ». Cet engagement encore en cours a donné un livre, écrit avec Bruno Piriou et paru en 2015 : « L’argent maudit, au cœur du Système Dassault ». Candidat du Front de Gauche aux élections législatives en 2012 contre Manuel Valls, j’ai refusé d’apparaître sur sa profession de foi, contre l’avis du PCF, dont j’étais à l’époque adhérent. Aux élections municipales de 2014, nous sommes en tête de l’opposition avec notre démarche associative « Le Printemps de Corbeil-Essonnes », dont je suis aujourd’hui le représentant au Conseil Municipal avec Farid Messaoui, Bruno Piriou et Faten Subhi. Cinéaste amateur, j’ai réalisé en en 2011 un documentaire sur le processus révolutionnaire en Tunisie.
Puis en 2015, le film « En attendant Coco », réalisé avec Abdel Yassine, élu à Fleury-Mérogis, au côté de qui j’ai pris de nombreuses positions publiques : sur le droit de vote des détenus et l’installation de bureaux de vote dans les prisons, sur le lien entre la gauche et les banlieues, ainsi que sur la sortie de Valls sur « L’Apartheid », à qui nous avons répondu dans une tribune remarquée parue dans Libération. En 2016, j’ai créé la Commission Cinéma de la Nuit Debout, qui a donné un film sorti en 2017, « Nuit Froide », produit collaboratif et 100 % indépendant. Je crois aujourd’hui dans la construction d’une gauche qui s’ouvre sur les dynamiques citoyennes qui traversent la société française, sans concession sur des exigences que je retrouve dans le projet de la France Insoumise : urgence écologique, bouleversement institutionnel, partage radical des richesses.
Pour vous qui venez du militantisme associatif, de quartier, qu’est-ce qui vous a poussé à être candidat.e.s aux élections législatives en 2017 ?
F.A : Cette candidature s’est construite dans la continuité de nos combats locaux. Je parlais de la réforme des rythmes scolaire à Evry qui m’a amené à faire de la politique, dans le sens noble du terme. Ce que nous souhaitons aujourd’hui, avec Ulysse, c’est de poursuivre cette ligne de conduite de défense de l’intérêt général, idée qui me tient aussi particulièrement à cœur comme syndicaliste.
Moi, je n’ai pas fait les grandes écoles, j’ai pas fait l’ENA, ni polytechnique ni science po, j’ai fait l’école de la vie, dans ma ville, dans mon quartier. On a pu le constater depuis des années et on le voit toujours à travers les politiques mises en places par les différents gouvernements, ces gens-là sont très très loin de la réalité du terrain. Ils ne savent pas ce qu’on vit.
Matériellement, quand on est élu.e.s depuis tant d’années avec parfois 7, 8 ou 10 000 euros par mois, on ne peut pas connaître les problématiques des gens.
Pour nous la politique ce n’est pas un travail mais un outil pour défendre autrui et pour vivre-ensemble !
U.R : Pour ma part il s’agit de la continuité d’un ancrage à gauche sur la circonscription et d’un combat contre Manuel Valls. Ça peut être un débat de s’investir ou non dans les échéances électorales nationales qui sont quand même trustées par les écuries politiques nationales, mais pour nous c’était un moyen de faire parler nos histoires politiques locales dans cette législative, de prendre part à ce débat politique. Les élections présidentielles et législatives, avec toutes les critiques que l’on peut faire sur ce scrutin et Dieu sait qu’il y en a, restent le grand moment populaire et politique en France sous la Vème République. Nous avons souhaité utiliser cette opportunité pour prolonger notre manière de faire de la politique, de faire avancer nos combats locaux.
Il y avait un vrai besoin de parler des quartiers, de nos problématiques, de nos vies. La preuve en est que dans les débats nationaux pour le moment y compris dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, on ne peut pas dire que c’était une question particulièrement creusée, développée en donnant la parole aux concerné.e.s. L’intérêt des législatives, de candidature comme les nôtres, résident dans notre ancrage sur le terrain, notre militantisme dans nos quartiers, le combat pour l’émergence à une autre échelle, nationale, de la parole politique des quartiers populaires qui s’exprime déjà dans le quotidien. C’est pour nous l’intérêt de la démarche de se présenter à ces élections, même si évidemment il y a des contradictions à prendre part au processus électoral, mais nous ne souhaitons pas regarder le train passer.
Il n’y a pas assez, on le voit bien, de candidats à ces élections législatives qui portent les problématiques des quartiers et encore moins des candidatures qui en sont issues !
Quels sont pour vous les enjeux de votre circonscription et des villes qui la composent ?
F.A :Il y a un enjeu tout particulier qui me tient à cœur. C’est l’hôpital sud-francilien, bébé de Manuel Valls et Serge Dassault. On mesure avec ce projet les politiques de santé dramatiques menées par le Gouvernement Valls et les précédents ainsi que les alliances politiciennes sur le dos des populations. Lire la suite